- Saïd Bouhadja (FLN) «La population respecte le corps de l'armée» Le FLN, par la voix de son porte-parole, M. Bouhadja, pense que la présence de l'armée dans la ville d'In Salah vise à rassurer et à sécuriser les citoyens et leurs biens. Pour M. Bouhadja, le pouvoir n'aurait pas trouvé un meilleur interlocuteur que l'armée pour tenter de débloquer la situation dans cette région du Sud. «L'armée ou la gendarmerie sont des corps très respectés par la population. Je pense que le déplacement de l'armée, dans la conjoncture actuelle, notamment avec le danger qui nous guette à nos frontières, s'imposait afin d'éviter l'effet de surprise et de barrer la route au terrorisme», note-t-il, persuadé qu'il existe des parties qui poussent au pourrissement car elles «trouvent leur compte dans un climat de chaos». «Le dossier du gaz de schiste n'a rien de politique, c'est normalement aux spécialistes de donner leur avis sur la question. Chez nous, n'importe qui est devenu maître en la matière et les partis politiques ne sont pas en reste. L'armée, qui est une alternative positive, va sûrement débloquer la situation.» - Abderrazak Makri (MSP) : «C'est le résultat de l'échec du système politique» Le leader du Mouvement de la société pour la paix (MSP) ne mâche pas ses mots. Le recours à l'armée pour régler un problème d'ordre politique et sociétal est synonyme, selon lui, de l'échec du système politique. «Pour nous cela représente une véritable faillite du système algérien. Pourquoi nos dirigeants ont fait appel à l'armée à In Salah ? Ce geste prouve que le pouvoir et l'Exécutif sont dans l'incapacité de gérer un problème politique et ont montré leurs limites en matière de négociations avec la population d'In Salah», note Makri, qui tire la sonnette d'alarme en estimant qu'il y a «péril en la demeure». Le premier responsable du MSP écarte l'idée d'un éventuel affrontement entre la population et l'armée, mais qualifie tout de même ce face-à-face de «grave» car le dérapage peut se produire avec son lot de conséquences. Makri se demande «pourquoi le pouvoir n'a pas fait appel à l'armée lors des événements de Ghardaïa ? Pourquoi cette réaction à In Salah ?» Et de répliquer : «C'est parce qu'à In Salah, il y a le pétrole…» - Athmane Mazouz (RCD) : «Il faut mettre un terme à l'instrumentalisation de l'armée» Le RCD est catégorique : l'armée a ses missions qui sont bien définies et, de ce fait, elle ne doit aucunement agir en hors-la-loi et en dehors du cadre qui lui est défini par la Constitution. «L'armée n'a pas à s'impliquer dans la gestion des événements d'In Salah qui soulèvent, d'abord, un problème d'ordre politique et signent la faillite du gouvernement et des tenants du pouvoir. Impliquer l'armée ne fera que la dévier de ses prérogatives et la discréditer», avertit Mazouz. Le RCD, explique-t-il, «considère l'appel aux services de l'armée dans le cas des événements d'In Salah comme un agissement irresponsable et une extrême violation des missions républicaines qui lui sont dévolues. Ceux qui croient en la démocratie et aux valeurs républicaines doivent condamner ces immixtions et mettre un terme à l'instrumentalisation de l'armée pour pallier au blocage et à la faillite des institutions censées faire face aux problèmes des citoyens». - Ramdane Taazibt (PT) : «Le pouvoir doit s'attaquer aux raisons profondes de la crise» Le parti de Louisa Hanoune ne se préoccupe pas beaucoup de l'intervention de l'armée dans la région d'In Salah, mais demande plutôt au pouvoir de s'attaquer avec clarté et courage aux raisons profondes de la protestation qui dure depuis longtemps afin d'éviter les dérapages. R. Taazibt rappelle que l'armée n'en est pas à sa première intervention dans notre pays, notamment dans les villes du Sud, où il y a des installations pétrolières et des frontières à protéger. Selon lui, depuis l'attaque de Tiguentourine et la situation qui prévaut chez nos voisins, l'armée a renforcé sa présence dans ces régions pour prévenir d'un quelconque embrasement. «Nous sommes contre la répression et les pressions. Les citoyens ont le droit de manifester et de revendiquer leurs droits, mais nous pensons que derrière l'affaire du gaz de schiste se cachent des problèmes politiques que traînent ces populations depuis l'indépendance du pays : sentiment de mépris, marginalisation de la population, les citoyens veulent être visibles», explique M. Taazibt, précisant que la présence de l'armée à In Salah avait été réclamée par la population qui craignait les dérapages. - Tayeb Zitouni (RND) : «L'armée est dans son rôle» Tayeb Zitouni, ancien président de l'APC d'Alger-Centre, qui s'occupe de la communication au RND en l'absence de Nouara Djaffar, est convaincu que l'armée est tout à fait dans son rôle. Elle a, selon lui, toute la latitude d'intervenir dans ce type d'événement puisque la Constitution le lui permet ! «Il est de son devoir d'intervenir pour sécuriser les bases pétrolières dans cette région du Sud et aussi pour tranquilliser et protéger la population des risques de dérapage. La situation est confuse et l‘intervention de l'armée à In Salah n'est pas pour sanctionner ou empêcher les citoyens de protester, mais pour assurer leur sécurité et tenter de régler le problème pour éviter que d'autres parties en profitent pour déstabiliser la région.»