Les leaders des groupes armés touareg réunis au sein de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), des chefs traditionnels et des représentants de la société civile du Nord malien sont en conclave depuis mardi soir à Kidal pour décider, ou non, de parapher l'accord de paix au Mali conclu le 1er mars dernier à Alger. Ce jour-là, la CMA avait demandé un «délai raisonnable» pour consulter sa base, après avoir exigé, en vain, des amendements. Cruciale pour la paix au Mali et la stabilité du Sahel, la rencontre s'annonce difficile pour Bilal Ag Acherif, du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), Alghabass Ag Intalla, du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), Ibrahim Ag Mohamed Assaleh, de la Coalition du peuple pour l'Azawad (CPA) et Sidi Brahim Ould Sidati, du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA). Tout ce beau monde est pris, en réalité, entre deux feux. Tout en étant soumis à une pression terrible de la communauté internationale pour qu'ils paraphent l'accord de paix d'Alger, les chefs de la CMA affrontent une base qui rejette en bloc les résultats des négociations inter-maliennes. C'est le cas particulièrement des associations de femmes et de jeunes de l'Azawad, qui ont averti la semaine dernière, après avoir tenu leurs assemblées générales respectives, qu'ils ne cautionneront aucun accord qui n'accorde pas l'autonomie à leur région. Preuve que dans la région la tendance est pour le rejet, plusieurs centaines de personnes se sont réunies pacifiquement mardi à la place de la Liberté, à Kidal, pour dire «non» au préaccord de paix d'Alger. Face justement à la pression de la rue «azawadienne», les membres de la CMA devraient donc conditionner leur signature de l'accord d'Alger, déjà validé par le gouvernement malien, les groupes politico-militaires du Nord regroupés au sein de la plateforme et la médiation internationale pour le règlement de la crise malienne, par la satisfaction de trois revendications. Celles-ci consistent en l'octroi d'un «statut politique pour l'ensemble de l'Azawad», avec la possibilité que toutes ses régions soient administrées par un exécutif commun et une révision du taux relatif au partage des ressources. Les 30% du budget national dont l'accord prévoit la répartition entre les collectivités n'ont visiblement pas satisfait. La troisième condition porterait, indiquent des médias maliens, sur la future architecture sécuritaire des localités du nord du Mali. Les groupes armés exigeraient ainsi que leur soit accordé le droit de constituer 60 à 80% des effectifs qui seront déployés dans la région. Si, maintenant, les leaders de la CMA n'obtiennent pas de la médiation internationale le principe d'amender l'accord d'Alger, il est peu probable que les populations de l'Azawad acceptent de se taire. Mais cela ne voudra pas dire pour autant que la paix est loin. Comme tout le monde en convient, le gros du travail a déjà été fait à Alger. Un règlement de la crise est donc plus que jamais à portée de la main.