Le Grand Prix Keltoum du 4e Festival national du théâtre féminin a été attribué, jeudi soir, au Théâtre régional Azzedine Medjoubi de Annaba, à la pièce Ibn Battûta, d'Elsa Hamnane. Produite par le Théâtre régional de Béjaïa, cette pièce, qui évoque le grand explorateur maghrébin du XIVe siècle, a décroché également le prix du Meilleur texte. «Je suis très fière de la jeune équipe qui a travaillé avec moi. Ils sont trentenaires. Et je suis contente que leur travail soit reconnu par le jury. Ils ont un long avenir devant eux. J'étais sûre de leur niveau et de leur enthousiasme. Je suis heureuse aussi que la méthode de travail dans l'écriture du texte soit également reconnue», a déclaré Elsa Hamnane. Badis Foudala, président du jury, a qualifié Ibn Battûta de vrai spectacle. «Nous avons assisté à une vraie fordja. La troupe a réuni tous les éléments du spectacle, y compris le public. Tout le monde a été attiré par cette pièce», a-t-il dit. Shahinez Neghouache a décroché le prix de la Meilleure mise en scène pour la pièce Nisaa al madina (Les femmes de la ville) du théâtre régional de Constantine. «Beaucoup de choses sont justifiées dans la mise en scène de Shahinez, beaucoup de couleurs et de direction d'acteurs», a soutenu Badis Foudala. Le jury a attribué son prix à la coopérative Bnat Hawa de Fatiha Ouared de Béjaïa pour la pièce Article 146, mise en scène par le jeune Walid Bouchebah. Le prix de la Meilleure interprétation féminine est revenu à Wahiba Baali pour le monodrame Riq al chitane (La salive du diable), mis en scène par Azzouz Abdelkader, de la troupe Sarkhatou Al Rokh de Tamanrasset. Azzouz Abdelkader a obtenu également le prix de la Meilleure chorégraphie. La distinction de la Meilleure interprétation masculine a été décrochée par Mustapha Meratia pour son rôle dans la pièce Harraga, mise en scène par Amina Touati, de l'association Murdjadjo d'Oran. Le prix de la Meilleure musique a été attribué à Saleh Samie pour la pièce Monalouisa, de Tounes Aït Ali. Cette pièce, produite par le Théâtre régional de Batna, a décroché aussi le prix de la Meilleure scénographie conçue par Mourad Bouchehir. Le prix de la Meilleure conception des costumes est revenu à la pièce Nisaâ al madina. «Les jeunes ont beaucoup de bonne volonté et d'énergie. C'est une occasion à saisir. Notre main doit être tendue à ces jeunes en permanence. Nous avons constaté des manques en matière d'écriture dramaturgique. Ce chapitre doit être réfléchi pour avoir une lancée dans le futur», nous a déclaré Badis Foudala. Le jury a plaidé dans ses recommandations pour l'organisation de présélections. «Nous avons vu certains spectacle montés à la va-vite. Il y a beaucoup de spontanéité, et dans le théâtre ça ne pardonne pas. Il faut prendre les dispositions nécessaires pour proposer des spectacles de haut niveau», a précisé le président du jury. Ce dernier, qui a appelé au respect de «la moralité publique» dans le choix des textes, a exhorté les théâtres régionaux et les coopératives à bien préparer les pièces et recommandé que la mise en scène soit la conséquence d'une certaine pratique théâtrale et a souhaité une présence maghrébine et arabe dans les prochaines éditions du festival pour profiter d'autres expériences. «Nous estimons que le spectacle doit prendre le public par la main et l'emmener au niveau de la culture. Il y a un certain respect à mettre sur scène par rapport au public. En Algérie, le public est toujours familial. C'est assez rare», a relevé Badis Foudala. Halima Hankour, directrice de l'organisation de la diffusion du produit artistique et culturel au ministère de la Culture, a annoncé que la pièce qui a obtenu le Grand Prix sera distribuée dans toute l'Algérie avec le soutien du ministère pendant une année. «Nous allons également soutenir la distribution de la pièce qui a décroché le prix de la Meilleure mise en scène. La pièce qui a obtenu le prix du Jury sera diffusée dans les grandes villes», a-t-elle assuré. Halima Hankour a annoncé également une révision des cahiers des charges des festivals nationaux et locaux pour «mieux baliser le champ d'action».