Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a inauguré hier l'usine de production d'eau lourde d'Arak (centre), qui servira à un réacteur nucléaire controversé en construction à proximité. Cette inauguration est intervenue alors que l'Iran dispose d'encore de cinq jours pour se plier à la demande du Conseil de sécurité des Nations unies pour suspendre son enrichissement d'uranium. L'usine, s'étendant sur plusieurs hectares et entourée de champs, est située aux abords du village de Khondab, à 50 km au nord-ouest de la ville d'Arak. Elle est protégée par plus d'une dizaine de batteries anti-aériennes et ceinturée par un grillage surmonté de barbelés. L'eau lourde de l'usine sera utilisée comme liquide de refroidissement et comme fluide modérateur de l'activité du réacteur expérimental de 40 mW, qui doit être achevé en 2009. « La production d'eau lourde a commencé le 20 (du mois iranien) Tir (soit le 11 juillet, ndlr), et c'est aujourd'hui l'inauguration officielle », a dit aux journalistes un responsable de l'usine, s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Pour sa part, un jeune ingénieur, M. Khazaïe, entouré de collègues, a expliqué que tous étaient « très fiers parce que le projet a été réalisé du début à la fin par des scientifiques iraniens, sans l'aide de personne ». La construction de l'usine a commencé en 1993, selon la télévision d'Etat iranienne. Selon le directeur de l'usine, Manouchehr Maddadi, elle est équipée « de deux unités de production assurant une production totale de 16 t d'eau lourde par an ». Il a expliqué aussi que « la production a été lancée en un temps record, de moins de deux ans, depuis que la construction de l'usine a été achevée ». Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Hamid Reza Assefi, a déclaré hier que l'Iran « considère le démarrage de ce complexe comme entrant dans le cadre de ses droits légaux et internationaux », selon la télévision d'Etat. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avait demandé dans une résolution en février à l'Iran de « reconsidérer » la construction de ce réacteur, qui produira une quantité significative de plutonium pouvant être utilisé pour une bombe atomique. Le Conseil de sécurité des Nations unies a donné à l'Iran jusqu'au 31 août pour appliquer cette résolution, et notamment la demande de l'AIEA de suspendre l'enrichissement d'uranium. A défaut, il envisagera des sanctions pour l'y contraindre. M. Assefi a qualifié le lancement de la production d'eau lourde comme « un autre grand pas pour que la République islamique use de son droit indéniable, c'est-à-dire l'acquisition de la technologie nucléaire pacifique ». L'Iran considère que la maîtrise du cycle du combustible nucléaire est son « droit », mais de nombreux pays, notamment occidentaux, craignent qu'il le mette à profit pour obtenir la bombe atomique. L'AIEA a demandé à plusieurs reprises à l'Iran, sans succès, de suspendre ses activités nucléaires sensibles en arguant du manque de coopération des autorités iraniennes pour déterminer si leur programme atomique a un objectif purement civil ou pas. L'Iran a répondu mardi à une offre de coopération des grandes puissances visant la suspension de son enrichissement en omettant de se prononcer sur ce sujet. La technologie des réacteurs à eau lourde a été utilisée par plusieurs pays pour obtenir la bombe atomique, notamment l'Inde et le Pakistan. Israël et la Corée du nord sont réputés y avoir eu recours pour obtenir une capacité nucléaire militaire. A signaler par ailleurs que le président iranien ultraconservateur, Mahmoud Ahmadinejad, a assuré hier que l'Iran « n'est pas une menace pour les pays étrangers et même pour le régime sioniste », lors d'une conférence de presse. « Le message du peuple iranien est un message de paix, de calme et de coexistence de tous les peuples sur la base de la justice », a dit le Président après avoir inauguré une usine de production d'eau lourde pour le programme nucléaire iranien près d'Arak (centre de l'Iran). Israël considère ce programme comme une menace à son existence, alors que M. Ahmadinejad a jugé par le passé que l'Etat hébreu, qu'il a qualifié notamment de « tumeur », devait être « rayé de la carte ».