Les réserves de changes ont fondu de plus de 15 milliards de dollars en 2014, dont plus de 6 milliards au cours du seul dernier trimestre de l'année. Selon la note de conjoncture pour le 4e trimestre 2014, présentée, jeudi à Alger, par le gouverneur de la Banque d'Algérie, les réserves de changes sont passées de 194,012 milliards de dollars à fin décembre 2013 à 178,938 milliards de dollars à la clôture de l'exercice écoulé. Un plongeon induit bien entendu par la baisse des revenus issus des exportations d'hydrocarbures et la hausse crescendo des importations. Il est clair que le plongeon du baril est la principale cause de la contre-performance. Le cours du brut algérien est ainsi passé de 109,92 dollars au premier semestre 2014 à 65,83 dollars en fin d'année. Une chute des cours qui s'est conjuguée à une baisse de 1,74% des volumes exportés, ce qui a induit une diminution des revenus à 58,34 milliards de dollars, avec une contraction de près de 24% au seul 4e trimestre. En parallèle, les importations ont continué à augmenter pour flirter avec les 60 milliards de dollars, il en résulte une très forte chute de l'excédent de la balance commerciale, lequel est passé de 9,73 milliards de dollars à 590 millions de dollars. Une situation aggravée par le déficit de la balance des services. Ainsi, la note de conjoncture évoque un déficit du poste «services hors revenus des facteurs» de 8,13 milliards de dollars, dû notamment à la hausse des importations de services techniques et ceux liés au bâtiment et aux travaux publics. Un facteur ayant principalement contribué au creusement de la balance des paiements extérieurs. S'efforçant de ménager la chèvre et le chou, Mohamed Laksaci a estimé que le niveau des réserves de change reste adéquat dans un contexte d'endettement externe historiquement bas, notamment le faible endettement du secteur des hydrocarbures et des banques qui contribue à atténuer l'effet du choc externe. Il avertit cependant que si le choc externe venait à perdurer, la résilience de l'Algérie risque de s'éroder. D'autant plus que le niveau des importations, estime encore M. Laksaci, «est non soutenable et constitue un risque additionnel pour la balance des paiements extérieurs sur le moyen terme». A ce titre, justement, le gouverneur de la Banque d'Algérie, qui a interpellé les banques sur le rôle à jouer afin de réduire la facture à l'import, a estimé que la mission de contrôle des changes en amont est déléguée à celles-ci. Cependant, au-delà de la mission de contrôle de la conformité des opérations de commerce extérieur à la réglementation, chacun à un rôle et une responsabilité afin d'endiguer la montée des importations. Et d'ajouter qu'il serait faux de ne pas admettre que l'expansion des crédits à l'économie a contribué à l'emballement des importations. Le crédit contribue à la hausse des importations M. Laksaci a, en ce sens, exhorté les banques à revoir leurs ratios en la matière pour donner plus de place au financement de l'entreprise et de l'investissement, ce que font déjà certaines, a-t-il déclaré. Aussi, au-delà de la problématique des importations, c'est la question des ressources des banques, appelées à contribuer au financement de projets d'équipement publics, qui risque de se poser. Si le gouverneur de la Banque d'Algérie a considéré que le marché est encore en situation de surliquidités bancaires, il a averti les banques que leurs ressources n'ont pas été encore affectées, grâce notamment à la hausse des dépôts à vue du secteur hydrocarbures. Cependant, estime-t-il, cela risque de changer dès le second semestre de l'année en cours. Il a donc appelé les banques à mobiliser de nouvelles ressources à terme, via le développement de nouveaux produits financiers. Il a aussi indiqué que le Conseil de la monnaie et du crédit a décidé de rouvrir les canaux de refinancement des banques et de réescompte. Une décision qui permettra à la Banque d'Algérie de jouer le rôle de prêteur en dernier, sous certaines conditions liées notamment à l'allocation des ressources. La question des ressources des banques revêt une importance certaine lorsqu'on sait la contraction des capacités de financement du Trésor, issue principalement des ressources du Fonds de régulation des recettes. Selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, celle-ci a baissé de 1155 milliards de dinars. Enfin, évoquant le taux de change du dinar, Mohamed Laksaci a reconnu une dépréciation de 1,49% du taux de change de la monnaie nationale face au dollar en 2014 par rapport à 2013 et de 1,39% face à l'euro. Il estime cependant que le taux de change effectif réel du dinar s'est légèrement apprécié en situation de forte dépréciation des monnaies des pays partenaires face au dollar.