La 18e édition du Salon international de l'automobile d'Alger, ouverte mercredi dernier, n'attire visiblement pas la foule des grands jours. Venus découvrir les nouvelles gammes de véhicules présentés par les différents concessionnaires ainsi que les offres spéciales, les visiteurs déplorent la hausse conséquente des tarifs des véhicules neufs, bien que des remises exceptionnelles soient proposées par les différentes marques présentes au Salon. C'est le cas de Mohamed, originaire de Boumerdès, dont les espoirs de s'offrir la voiture de ses rêves ont été vite douchés par les prix affichés. «J'attendais avec impatience ce Salon. Je pensais pouvoir acheter un véhicule avec un prix abordable qui convient à ma bourse. Mais, j'ai été désagréablement surpris par les prix affichés. On dirait même que la tendance chez l'ensemble des concessionnaires était plutôt la même, en passant d'un stand à un autre», regrette ce cadre d'une entreprise privée, rencontré sur le stand d'une marque européenne. Comme lui, ils ne sont pas nombreux à se bousculer au niveau des services commerciaux des exposants, dépêchés à l'occasion, par certains distributeurs automobiles. L'édition de 2015 intervient dans un contexte de recul du marché de l'automobile, voire de morosité ; en 2014, il a baissé de 20%. Le constat du recul à la fois de l'affluence et de la hausse des prix est également partagé par de nombreux concessionnaires présents au Salon. «Il n'y a pas beaucoup de monde cette année. L'affluence est moindre comparativement aux éditions précédentes. Les prix ont augmenté certes, mais à cela s'ajoutent d'autres paramètres qui ont fait que le marché connaît une période de crispation. Les ménages semblent reléguer le véhicule au second plan des priorités», explique Ouzmir Mohamed, cadre commercial auprès de Hyundai. Selon lui, la hausse du dollar et de l'euro par rapport à la monnaie locale est la principale raison de l'augmentation des tarifs et les Algériens préfèrent investir dans l'acquisition d'un logement, notamment depuis le lancement de la formule AADL. Qu'il s'agisse d'affluence et de ventes, l'on est loin des chiffres records enregistrés il y a trois ans. «En 2012, les concessionnaires avaient introduit de nouveaux modèles, les prix étaient abordables et il y avait une disponibilité. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Certes, la disponibilité y est, mais les prix ont été revus à la hausse dans le sillage de la chute de la valeur de la monnaie nationale par rapport aux devises étrangères», analyse Koceir Mohamed Islam, conseiller commercial chez Ival. D'après lui, les concessionnaires de marques européennes et asiatiques ont revu à la hausse leurs tarifs en fonction de la parité dinar-dollar et dinar-euro. Certaines augmentations avoisinent les 250 000 DA. «La baisse des ventes lors du Salon va toucher presque l'ensemble des acteurs du marché. C'est une évidence», ajoute-t-il. Contrairement à beaucoup de concessionnaires, son entreprise a maintenu ses prix, ce qui lui a permis de «sortir la tête de l'eau», selon sa formule. Mais il faut admettre que l'ensemble des concessionnaires se sont mis à proposer des remises exceptionnelles à l'occasion du Salon, allant parfois jusqu'à 200 000 DA, voire 300 000 sur certains véhicules. Ainsi, conscients de l'effet prohibitif des prix, les concessionnaires rivalisent en matière de remises et d'offres spéciales. C'est le cas de Citroën Algérie, dont les remises peuvent atteindre 300 000 DA sur certains modèles. «Le Salon suit la tendance du marché. Nous faisons le maximum pour attirer les visiteurs, pour la plupart des curieux. Ce n'est pas catastrophique pour l'instant. Ce n'est qu'après la fin du Salon qu'on pourra établir un bilan. Nous sommes optimistes», confie la chargée de communication de la marque française. En attendant un bilan exhaustif des organisateurs du Salon, des milliers de visiteurs, à défaut d'acheter une voiture à un prix accessible, se contentent de quelques photos souvenir.