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Impact de la chute des prix du pétrole sur l'économie : La Banque mondiale suggère un nouveau contrat social
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Publié dans El Watan le 25 - 03 - 2015

La Banque mondiale vient d'en rajouter une couche aux appréhensions de Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, de voir les indicateurs financiers du pays virer au rouge.
Pour avoir tout misé sur les hydrocarbures, «l'Algérie a créé les conditions de sa propre vulnérabilité en s'exposant aux contrecoups du moindre hoquet qui surviendrait sur le marché international des hydrocarbures», écrit Emmanuel Noubissié Ngankam, représentant résident de la Banque mondiale en Algérie, dans une analyse de l'évolution des indicateurs de l'économie algérienne. Le représentant de l'institution de Bretton Woods en Algérie a mis l'accent sur le caractère corrosif des subventions qui ont produit «des effets pervers et contribué à éroder la croissance économique». «Le mal était là, mais l'inaction était entretenue par un baril de pétrole à plus de 120 dollars», dit-il comme pour mettre le doigt sur une plaie dont l'hémorragie s'avère difficile à stopper.
Identifier les maux de l'économie
Mais il n'y a pas qu'une seule hémorragie sur ce corps moribond de l'économie nationale. Au sujet des subventions d'abord, Emmanuel Noubissié Ngankam estime que «la manne pétrolière et gazière aidant, la redistribution de la rente est devenue l'élément-clé des politiques publiques. L'Etat, de manière volontariste, a consenti à consacrer une part substantielle des ressources publiques aux subventions des prix des produits alimentaires (céréales, lait, huile, sucre…), des carburants, de l'eau, des médicaments, du logement...»
Dans ce contexte, le secteur privé, estime l'expert de la Banque mondiale, est soit évincé, soit constitue à certains égards la prolongation de l'ordre établi dominé par les privilèges et les privilégiés natifs du droit d'importer massivement les produits subventionnés par l'Etat. Emmanuel Noubissié Ngankam vient de calculer avec exactitude le rôle d'un certain privé algérien dans la sphère économique. Conséquences : ce sont des pans entiers de l'économie qui sont marginalisés.
Quatre recommandations
Et c'est ainsi que la production a été reléguée au second rang des priorités durant les années de pétrole cher qui a hypnotisé l'ensemble des responsables du pays.
Maintenant que l'ère du pétrole cher semble irrévocablement révolue, que faire quand le vent est contraire, s'interroge Emmanuel Noubissié Ngankam.
«Depuis quelques mois, des voix s'élèvent pour s'interroger sur la volonté réelle du gouvernement algérien de prendre des mesures qu'impose une situation qui confine à une bourrasque. Ces voix se font de plus en plus audibles, alors même que chaque membre du gouvernement s'ingénie à rappeler l'immunisation de son secteur contre la crise ou plus exactement son exonération de toute mesure d'austérité.»
En d'autres termes : «Circulez, y'a rien à voir», ironise l'expert de l'institution monétaire internationale, comme pour dire que le gouvernement ne mesure pas encore la gravité de la situation. Mais la donne semble changer, selon lui, depuis notamment le 20 janvier 2015, lorsque les termes de la crise ont fait irruption sur la place publique. L'ampleur du mal n'a pu être dissimulée dans les antichambres du gouvernement.
Dans un tel contexte, poursuit l'analyste, des réformes en profondeur sont non seulement inévitables, mais déjà en cours de préparation dans certaines officines gouvernementales, pense-t-il. Et de s'interroger : «Le temps n'est-il pas venu pour le peuple algérien et ses dirigeants de s'engager sur la voie d'un nouveau contrat social ?» Lequel contrat social porterait, selon lui, sur les quatre piliers que sont les subventions et transferts sociaux ; l'ouverture économique et la primauté du secteur privé ; le chômage et l'emploi des jeunes ; la gouvernance des politiques publiques.
Le représentant de la Banque mondiale vient ainsi d'identifier certains maux qui affaiblissent l'économie algérienne. Il recommande la rationalisation des subventions et autres transferts sociaux directs et indirects, la mise en œuvre des réformes qui confèrent au secteur privé le rôle moteur de croissance, de s'attaquer de manière frontale à l'épineux problème de l'emploi et du chômage des jeunes et de mettre en place la bonne gouvernance au cœur des politiques publiques.
Ainsi, la Banque mondiale, par le biais de son représentant permanent en Algérie, vient de remettre l'ordonnance. Mais le malade n'a qu'une courte durée pour soit se guérir, soit sombrer dans le coma. Mais s'il choisit de s'appliquer aux orientations de l'ordonnance, les douleurs persisteront inévitablement pendant le traitement.


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