Préparez-vous à la grève. » La phrase, lancée hier par l'un des responsables de la fédération du tourisme et commerce au siège de la centrale syndicale, a acquis l'adhésion de l'ensemble des travailleurs du tourisme. La réunion d'hier a permis aux responsables de la fédération du tourisme d'exposer les raisons pour lesquelles les négociations avec la société de gestion des participations (SGP) sur les conventions de branches ont échoué. D'après le secrétaire général de la fédération du tourisme, Brahmia Rabah, la SGP du tourisme Gestour a complètement ignoré la plateforme de revendications des travailleurs du tourisme. « Alors que les négociations devaient débuter au mois de mai, la commission de travail n'a été installée que le 10 juillet et les négociations ont commencé le 16 juillet. Quelques jours plus tard (le 26 juillet), nous avons été surpris par le fait que la SGP décide de suspendre brutalement les négociations », a expliqué M. Brahmia. Le représentant de la fédération dit avoir tenté, maintes fois, de reprendre contact avec la SGP. En vain. « Nous nous sommes donné rendez-vous le 13 août. A notre arrivée, nous n'y avons trouvé que les secrétaires », regrette-t-il. M. Brahmia soupçonne la SGP Gestour d'avoir suspendu les négociations immédiatement après avoir établi le bilan de l'ensemble des unités de tourisme. « Nous avons demandé à ce que la SGP nous fournisse une copie du bilan afin d'analyser l'impact financier d'une éventuelle augmentation de salaires. S'il y a des unités déstructurées, mieux vaut chercher ensemble une solution qui conviendrait à tout le monde. Nous nous sommes, hélas, heurtés à un refus qui ne dit pas son nom », a soutenu le SG de la fédération. Les principaux points d'achoppement, souligne-t-on, sont les augmentations de salaires et les modalités des départs volontaires des employés des établissements déficitaires. L'un des membres du bureau national de la fédération du tourisme a longuement expliqué aux travailleurs qu'il n'est pas normal que les établissements soient aussi mal gérés et que les employés aient des salaires aussi misérables. « Je vous le dis solennellement, ça passe ou ça casse, nous irons, s'il le faut, à une grève illimitée », lance-t-il dans un élan populiste. Frappant des pieds et tapant des mains, la salle se soulève. L'assemblée générale d'hier a permis également aux représentants des travailleurs d'égrener une longue série de problèmes dont souffre le secteur du tourisme. Beaucoup d'entre eux ne comprennent pas que les hôtels les plus rentables soient proposés à la privatisation. C'est le cas notamment de l'hôtel El Djazaïr. « Nous ne saisissons pas ce qui se passe. L'hôtel réalise un chiffre d'affaires de 100 milliards de centimes. Les 600 travailleurs ont tous reçu des bénéfices de 39 000 DA. L'hôtel affiche complet tout au long de l'année, il a été rénové récemment (…), il fait partie du patrimoine algérien. Qu'on m'explique pourquoi veut-on vendre un hôtel pareil ? », s'interroge la représentante des employés de l'hôtel El Djazaïr. Un autre membre de la fédération ajoute : « Les 14 hôtels soumis à la privatisation sont rentables. Les soumissionnaires ont beau nous dire que les postes de travail seront préservés, nous ne faisons pas confiance à ce genre de discours. » A la fin de la réunion, le secrétaire général adjoint de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), M. Mezhoud, a conclu que si la SGP Gestour ne répond pas favorablement aux doléances de la fédération, les travailleurs entameront une grève nationale. Tous les hôtels et établissements touristiques se trouveront ainsi paralysés. En attendant, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a promis de dénouer la crise avec toutes les SGP dont les négociations ont capoté à cause du dossier des salaires.