A l'origine d'une telle tension, des discussions autour d'une revalorisation salariale, complètement à l'arrêt, avec la SGP Gistour. Le tourisme tombe en ruine. Les travailleurs ne tiennent qu'à un fil: augmentation des salaires, sinon une grève illimitée. C'est en fait la sentence énoncée, hier, sans cafouillage par la fédération du commerce et du tourisme, affiliée à la Centrale syndicale. A l'origine d'une telle tension, des discussions autour d'une revalorisation salariale, complètement à l'arrêt, avec la SGP Gistour. La locomotive des pourparlers a été mise en marche le 16 juillet dernier avec, comme finalité, aboutir à la signature d'une convention de branche censée définir une nouvelle fourchette salariale. Une dizaine de jours plus tard, les ponts sont coupés, «faute d'une volonté d'aller vers l'augmentation de la part de la SGP», explique le secrétaire général de la fédération, Rabah Brahmia, lors d'une réunion syndicale à la Maison du peuple. Face aux pressions de l'Ugta d'aboutir à un résultat palpable avant le 3 septembre, les syndicalistes du secteur du commerce et du tourisme ont décidé de planter l'éperon dans le dos de la SGP. C'est l'ultime appel lancé à l'adresse des négociateurs de Gistour avant de passer à l'épreuve du terrain. Selon les syndicalistes de l'Ugta, décidés d'aller plus loin cette fois-ci, l'hésitation de la SGP n'est expliquée par aucune excuse valable. «Le secteur est rentable et tous les documents comptables confirment sa bonne santé financière.» Ce qui est plus énigmatique, d'après le SG de la fédération, c'est que l'arrêt des négociations est intervenu juste après la tenue des assemblées générales. C'est-à-dire, après avoir exposé les bilans positifs des entreprises. Un fait qui atteste sans l'ombre d'un doute «une fuite en avant de la SGP, au lieu de répondre aux directives du gouvernement», fera savoir Rabah Brahmia, soutenu indéfectiblement par les représentants des différentes régions touristiques du pays. L'ultime entrevue prévue entre les deux parties, représentants des travailleurs et responsables de la SGP Gistour, a été programmée pour le 13 août dernier. A l'heure de la rencontre, les délégués de l'Ugta se sont retrouvés sans interlocuteur de l'autre côté de la table, à en croire l'orateur. Selon lui, les employés du secteur ne feront plus de concession avant la satisfaction des deux revendications toujours en suspens. Il s'agit, évidemment, de la revalorisation salariale dans le cadre d'une convention de branche, mais aussi de la prise en charge du travailleur après la fermeture et/ou privatisation d'une entreprise. En termes clairs, les travailleurs revendiquent une protection juridique après décision de fermeture et/ou de privatisation. Il s'agit, en termes de loi, d'une compensation de trois mois de salaire par an, calculée sur l'ensemble des années de la carrière. Il est question aussi de céder aux employés les 10% du capital social après fermeture de l'entreprise. Le mot d'ordre de débrayage a été approuvé par l'ensemble des participants à la réunion, responsables de la fédération et représentants locaux et d'autres délégués de travailleurs de plusieurs zones et complexes touristiques. La SGP est donc mise au pied du mur. Elle est même sommée de répondre dans les plus brefs délais aux réclamations des travailleurs, d'autant que la situation financière du secteur est au beau fixe. Preuve à l'appui, la région de Tlemcen a fait un bénéfice net de 4,600 milliards de centimes durant l'année écoulée. Même situation pour l'hôtel El Djazaïr (ex-Saint Georges) proposé à la privatisation, mais qui a fait un chiffre d'affaires de 100 milliards de centimes. Pourquoi donc sa privatisation? S'interrogeaient les travailleurs pris entre le marteau et l'enclume. Pis encore, le délégué des travailleurs de l'Office national du tourisme affirme que ses responsables ont touché une prime annuelle de 600.000 dinars tandis que les travailleurs n'ont perçu que 4500DA de cette même prime. L'Etablissement de gestion touristique (EGT) de Sidi Fredj a enregistré des bénéfices de 20 milliards de centimes alors que 36 autres milliards de bénéfices sont enregistrés également à l'EGT centre. Face à cette situation, l'on s'interroge sur le pourquoi d'une hésitation au sujet de la revalorisation salariale. Les travailleurs ont d'ores et déjà décidé d'aller vers un débrayage si la revendication n'est pas satisfaite d'ici le 3 septembre. La balle est dans le camp de la Société de gestion des participations.