Immanquablement, qui l'a connu aura été frappé par sa passion pour l'acte pictural, sa grande générosité, sa mansuétude et sa sagesse, un vrai disciple de Zénon, oserait-on dire. Après avoir fréquenté l'Ecole des beaux-arts de Constantine, puis celle d'Alger, il enseigne le dessin et colore sa palette. Plus tard, avec un groupe d'artistes tout aussi passionnés que lui, il avait créé l'association Bassamate (Empreintes), dont il était le président. Depuis, cette dernière organise, autant que le permet le bon vouloir des autorités locales, le Salon national des arts plastiques à Guelma. Il bataillait au nom de cette association pour l'ouverture d'une école des beaux-arts dans cette ville. D'autant que beaucoup de jeunes penchent éperdument pour les arts plastiques et que plusieurs étudiants constituent chaque année une bonne fournée des différentes écoles des beaux-arts. L'on enregistre à son actif plusieurs expositions individuelles en Algérie et il avait participé à d'autres en France, en Tunisie et en Allemagne. Sa dernière grande exposition a été une rétrospective qu'il avait préparée, en avril 2010, en compagnie de Bettina Heinen-Ayech, à la maison de la culture de Guelma. Hocine Himeur s'adonnait au figuratif et parfois au semi-figuratif. Dans ses travaux, si l'on peut voir souvent le même thème ou le même motif, par contre la composition est variée d'un tableau à un autre, les formes et les couleurs diversifiées. Il tâtait de temps en temps de l'abstrait, car il considérait que cela exigeait une vaste culture et une bonne maîtrise des règles de l'acte pictural ; aussi était-il connu pour être un ennemi farouche de la facilité, toujours en guerre contre les jeunes qui s'en vont à l'abstrait sans y être préparés, sans en être convaincus. Dessiner le corps humain Cependant, ce qu'il fallait dire en premier, c'est que Hocine Himeur était d'abord un bon dessinateur. Il croquait des portraits en moins que rien et, bien entendu, sur modèle ! Maintes fois, nous l'avons vu à l'œuvre, il avait un coup de crayon terrible... mahboul ! «Quel que soit le chemin que j'entreprendrai ou l'expérience que je tenterai, le crayon sera toujours mon fidèle compagnon, le dessin me permet de respirer, je respire par le dessin», nous disait-il un jour. Bettina Heinen-Ayech en avait fait écho dans deux articles parus dans El Moudjahid en 1985 et 1989. «Himeur a du talent et déjà une vraie capacité à dessiner, un art qui se perd de nos jours. Ce n'est pas l'expression du sentiment du peintre pour le modèle qui impressionne, mais son expression de la conformité du corps humain dessiné par la nature. Himeur veut montrer que le corps humain est la plus grande perfection de la création divine, recherche démontrée parfaitement par les géants de l'art italien lors de la Renaissance», (in El Moudjahid du 31/01/1989). Juste après sa mort, dans un hommage publié dans El Watan, Bettina Heinen-Ayech écrivait : «Hocine Himeur est un grand talent ravi à la fleur de l´âge. Son impressionnante personnalité reste inoubliable. Toute son inspiration venait du portrait et de la représentation de l'être humain. Il fut un fin observateur, il possédait la faculté d'accaparer les traits typiques de ses modèles. Il ne se trompait pas dans les proportions et avait une forte sensibilité dans le choix de ses thèmes. Plusieurs de ses grands dessins donnent l'impression d'être les œuvres d'un sculpteur. Les portraits de Himeur se caractérisent souvent par un reflet de la souffrance de ses modèles. Ainsi, le point culminant de son cheminement artistique est certainement la série de représentations de sa défunte mère. Tout ce qu'il désirait exprimer se retrouvait dans ses tableaux. Le sujet est représenté la main devant le visage, une attitude qui montre à la fois la gêne et le refus d'être peint. Il renonce délibérément à personnaliser les traits de sa mère dans le but d'en faire le symbole de la mère à tous. Certains de ses tableaux de femmes m'ont fait penser à l'œuvre de M'hamed Issiakhem.» Voilà, tout est dit.