Le FMI a plaidé hier pour que la démarche de remboursement de la dette se poursuive, notamment vis-à-vis des créanciers du Club de Londres, qui détiennent une dette de 800 millions de dollars, et d'autres créanciers commerciaux disséminés dans différents pays et institutions. Explication : des ressources disponibles en devises étrangères, couvrant plus de deux ans d'importations et représentant quatre fois l'encours de la dette, pourraient être utilisées dans ce sens.C'est du moins ce qu'a plaidé Abderahim Bessaha, économiste principal au FMI et expert financier, dans une déclaration hier à l'APS. Il s'agit là d'une approche purement financière qui promeut la politique de désendettement de l'Algérie, certes, mais qui ne montre pas, loin s'en faut, la voie pour un meilleur usage des réserves de change du pays. L'expertise en question, si elle a, en effet, le mérite d'établir la règle du gain financier, elle n'en demeure pas moins fragile tout de même du caractère par trop généraliste de l'adage qui dit « qui paie ses dettes s'enrichit ». Car aujourd'hui encore, l'approche en question se veut par opposition à l'option qui consiste à spéculer sur les marchés financiers internationaux, tandis qu'elle est dans le même temps bien loin des considérations souvent émises des milieux locaux pour tenter d'insuffler une dynamique de développement. L'économiste principal du FMI constate que le service de la dette coûte annuellement entre 4,5 et 5 milliards de dollars, alors que le rendement des réserves placées dans les banques étrangères s'élève à quelque 1,5 milliard de dollars. Ainsi, la logique d'affaires ou simplement de bon sens voudrait qu'on opte pour le remboursement anticipé de la dette plutôt que pour le placement des réserves qui, tout compte fait, ne rapporte pas assez. La faiblesse des taux d'intérêt réels internationaux, qui sont de l'ordre de 2% l'an, ne font pas du placement, explique l'expert, une opération rentable. Les gains emmagasinés, du fait des remboursements anticipés effectués auprès des 17 pays du Club de Paris, totalisant plus de 7 milliards de dollars, sont « un bon moyen d'utiliser les ressources du pays déposées dans le Fonds de régulation des recettes », estime-t-il. L'Algérie gagnerait ainsi à mieux utiliser ses réserves de change. « D'après les normes internationales de Guidotti-Greenspan, les réserves internationales doivent représenter un an de dette à court terme. Le coût d'opportunité d'une détention de réserves excédentaires (plus de 60 milliards de dollars) est substantiel et dépasse ce qui est nécessaire à une stabilité financière », constate M. Bessaha. Outre les remboursements anticipés de la dette, l'expert conclut que l'utilisation de ces réserves sur le plan intérieur pour la réalisation d'infrastructures ou dans un portefeuille diversifié à long terme à au moins 6% par an « permettrait de dégager un rendement d'au moins 10 milliards de dollars sur les dix prochaines années ». Selon l'APS toujours, le Fonds monétaire international s'est montré encourageant hier à Washington, après l'annonce de la signature de l'accord bilatéral de remboursement par anticipation de la dette avec l'Allemagne. L'expert financier a ainsi estimé que le remboursement anticipé de la dette était « un signal fort » qui pourrait améliorer la situation économique et financière du pays. Dernier des 17 pays créanciers de l'Algérie, membre du Club de Paris, l'Allemagne avait accepté dimanche à Alger le remboursement par anticipation de 387 millions de dollars. Il augure, avec ce remboursement, la mise en place de systèmes financiers et bancaires domestiques solides et l'amélioration du crédit de l'Etat. « Le paiement anticipé de la dette algérienne, conformément à l'accord multilatéral signé le 30 mai 2006 entre l'Algérie et le Club de Paris, est une bonne façon de préparer l'avenir (de l'Algérie) en tant que nation créditrice et de faire son entrée dans le marché financier international », note-t-il. « L'apurement de la dette extérieure est un signal fort qui pourrait contribuer à une meilleure notation de l'Algérie de la part des organismes de crédits rating internationaux », fait-il encore remarquer. Car, pour le FMI, l'Algérie a encore du chemin à faire, notamment dans la voie de la bonne gestion économique, de la résorption de la dette publique et de la bonne gestion des excédents pétroliers. Entre 1985 et 2005, l'Algérie aura versé à ses créanciers plus de 117,9 milliards de dollars, dont près de 84 milliards de dollars de remboursement du principal et 34 milliards de dollars pour les intérêts. Tant pour l'institution financière que pour plusieurs responsables financiers et politiques algériens, l'endettement a longtemps constitué une sérieuse entrave aux efforts de développement du pays.