L'Etat tente encore une fois de redorer son blason. Sur la question des libertés de réunion et de manifestation, le ministre des Relations avec le Parlement, Khelil Mahi, a déclaré hier à l'APN, au nom du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, que «657 autorisations» de réunion, une partie importante des demandes selon M. Mahi, «ont été accordées par la wilaya d'Alger durant le premier semestre de 2014». Donc, selon M. Sellal, «les rassemblements sont organisés en toute liberté à Alger. Les seuls refus enregistrés sont dus au non-respect des conditions prévues par la loi.» Une déclaration qui a fait réagir certains partis politiques et organisations de la société civile qui, dans leur ensemble, considèrent ce discours comme de «la poudre aux yeux». Me Salah Dabouz, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) s'interroge sur le nombre total des demandes déposées et celles rejetées par le ministère de l'Intérieur ? Le porte-parole de Jil Jadid, Sofiane Sakhri, remet en doute la «crédibilité de l'Etat» et rappelle au Premier ministre, pour ne donner qu'un seul exemple, le refus essuyé à leur demande de la tenue d'une conférence sur les modalités de transition démocratique. Selon lui, pour se justifier, la wilaya d'Alger s'est contentée de leur faire comprendre que «l'objet de la conférence n'était pas clair !» «Seuls les plus conciliants avec le pouvoir bénéficient de ce genre d'autorisations», s'indigne-t-il. Lahlou Aliouat, coordinateur des gardes communaux, est de cet avis. «La seule évolution enregistrée réside dans l'étouffement des voix contestataires. Le pouvoir n'autorise que ses supplétifs», s'emporte-t-il. En termes de respect des droits, M. Sellal assure que «les institutions consacrent l'Etat de droit et protègent les droits individuels et collectifs, y compris la liberté d'expression et d'association, de réunion et de manifestation.» Atmane Mazouz, porte-parole du RCD, dresse un bilan autre que celui du Premier ministre. «Jamais le gouvernement n'a autant violé les lois sur les libertés de réunion et de manifestation. Nous sommes dans un Etat de non-droit et les acquis démocratiques sont à arracher.» «Quand les autorités répondent aux demandes, elles le font tardivement avec un refus», lance Hacene Ferhati, représentant de SOS Disparus. L'Etat a fait de nous des clandestins dans notre propre pays.» Me Abdelghanbi Badi, président du bureau d'Alger de la Laddh, suggère au Premier ministre de répondre d'abord aux nombreuses demandes de conformité qu'exige la nouvelle loi sur les associations, la 12-06, avant de parler de liberté d'association et de manifestation. Toute manifestation publique est strictement interdite à Alger.