Des avocats de la défense demandent à la justice de mettre le rapport de l'inspection générale de la Sûreté nationale à leur disposition. Le procès en appel de l'affaire opposant la DGSN à la société Algerian Business Multimedia (ABM) aura finalement lieu «le 4 mai prochain en audience spéciale» au tribunal correctionnel près la cour de Boumerdès. L'examen de cette affaire de malversation, impliquant 25 personnes dont Chouaïb Oultache, l'assassin présumé de Ali Tounsi, devait avoir lieu hier, mais l'audience a été reportée par le juge pour la seconde fois en raison de l'absence d'une quinzaine de témoins. «Tous les témoins doivent être présents pour faire éclater la vérité sur cette affaire et assurer le bon déroulement du procès. Ils doivent donc être convoqués officiellement», a déclaré le juge. Pour rappel, 21 parmi les accusés (19 cadres de la DGSN et deux anciens responsables d'ABM) avaient été condamnés, le 11 février 2012 en deuxième instance, par le tribunal pénal d'Alger à des peines de 18 mois à 5 ans de prison ferme. Ils étaient poursuivis, entre autres, pour «dilapidation de deniers publics, passation de marchés publics en violation de la législation et trafic d'influence». Les quatre autres personnes citées dans l'affaire ont été relaxées ; il leur a été reproché, chacun selon son poste, d'avoir permis à la société ABM – dont l'un des associés, Toufik Sator, n'est autre que le gendre d'Oultache – de bénéficier des marchés de la DGSN en violation de la loi. Les faits concernent la passation de marchés «douteux» portant sur l'achat par la DGSN auprès d'ABM de 10 000 onduleurs, 300 ordinateurs, 500 PC portables et 9000 imprimantes. Hier, hormis Chouaïb Oultache – le seul mis en cause dans cette affaire qui est encore sous les verrous – les autres accusés sont en liberté. Certains ont purgé leur peine alors que d'autres, notamment ceux qui n'ont pas fait cassation, vont comparaître comme témoins. Après l'appel des personnes citées dans l'arrêt de renvoi, le juge fait signe aux policiers de faire entrer Chouaïb Oultache, l'ex-chef de l'unité aérienne de la DGSN dans la salle d'audience. L'inculpé, en costume noir, affichait une bonne mine. Des avocats de la défense ont demandé au juge de mettre à leur disposition le rapport de l'inspection générale de la Sûreté nationale cité dans l'arrêt de renvoi. En février 2012, de nombreux avocats avaient quitté l'audience en signe de protestation contre la non-satisfaction de cette exigence. Il est à rappeler que le présumé assassin de l'ex-DGSN avait été condamné à cinq ans de prison en 2012 pour «avoir usé de son influence sur la commission d'évaluation technique des offres où il siégeait pour qu'elle choisisse la société ABM pour la fourniture d'équipements informatique à la DGSN». La justice lui reproche d'avoir changé la composante de ladite commission et modifié un cahier des charges des appels d'offres dans le but d'exclure les autres soumissionnaires et de permettre à ladite entreprise, dont l'ex-PDG était son gendre, d'obtenir le marché.