Les villageois d'Ath Mendès (17 000 habitants) dans la commune de Boghni au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, sont en colère depuis le début du mois de mars dernier. Avant-hier, des centaines d'habitants de ce village ont fermé le siège de l'APC et de la daïra de Boghni pour protester contre une décision d'attribution de l'assiette foncière dite Thiniri Mendès (de 128 hectares), un terrain qu'ils réclament comme une propriété ancestrale de leur arch, à une famille originaire de la même commune. Il est à signaler que tous les villageois ont adhéré au mot d'ordre de grève et de protestation auquel a appelé la coordination des comités de village. Lors d'un point de presse improvisé, un villageois dira : «Nous sommes là pour dénoncer l'injustice et la compromission de l'administration locale et nationale qui veut nous spolier d'un bien ancestral, à savoir Thiniri Mendès. Nous allons maintenir notre protestation pour interpeler les hautes autorités du pays afin d'annuler toutes les décisions de propriété délivrées à la famille concernée et de rendre justice». Les protestataires rappelleront : «En guise de représailles à la population d'Ait Mendès pour avoir participé au soulèvement de 1871 de El Mokrani, l'administration coloniale a décidé de confisquer ce terrain. En 1957, sentant que leurs jours étaient comptés, les colons ont vendu ce bien à une famille contrairement aux recommandations de l'ALN interdisant l'achat de biens coloniaux». En 1963, ce terrain a été mis sous la protection de l'Etat, mais en 1992, la wilaya de Tizi Ouzou a offert ces terres sur un plateau d'argent à la dite famille. Après la protestation des villageois, la décision a été annulée et l'assiette a été versée au service domanial. Mais en 1994, alors qu'un choix de terrain a été effectué pour la réalisation d'un projet de protection civile, la famille s'est opposée et les autorités locales ont vite fait de délocaliser le projet. Les villageois ne se sont pas tus, ils ont alors interpellé toutes les autorités (wali, chef de daïra et président d'APC), en vain. En mars 2015 et c'est la goute qui a fait déborder le vase, la famille a été indemnisée pour le passage de la conduite AEP sur cette même assiette». «Nous ne demandons rien d'autre que la restitution de cette assiette à ses propriétaires légitimes», diront les villageois du arch Ath Mendès.