Les œuvres et écrits du penseur et philosophe algérien Mohand Tazerout (1893 1973) restent malheureusement méconnus en Algérie, c'est le cas de plusieurs intellectuels qui ont choisi l'exil ou qui ont vécu une grande partie de leur vie à l'étranger. Afin d'essuyer la poussière sur le parcours exemplaire de celui qui, jadis, a réalisé plusieurs critiques, traduites en ouvrages, sur les pensées philosophiques allemandes, à l'instar de celle de Friedrich Nietzsche, l'Association algérienne des études philosophiques organise, le 11 avril à 14h, une journée d'étude sur cet intellectuel oublié, au niveau de la Bibliothèque nationale du Hamma. Fodil Boumala, journaliste et universitaire, qui a consacré plus de 20 ans de recherche sur les œuvres de Mohand Tazerout, en connaît beaucoup sur lui. «Mohand Tazerout a réalisé aussi plusieurs études philosophiques sur les civilisations orientales, de Chine et de l'Occident dans un sillage philosophique de l'époque», explique-t-il. L'auteur du Manifeste contre le racisme, éditions Subervie, Rodez (France 1963), Mohand Tazerout, est natif du village Tazerout, relevant de la daïra d'Azazga dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il devient instituteur après avoir effectué des études à l'Ecole normale de Bouzaréah. Il sera nommé dans une école de Thénia qu'il quitte en 1912 pour se rendre au Caire où il rejoint l'université d'Al Azhar. Une année plus tard, il part en Iran et apprend le persan, puis la Russie où il apprend le russe, avant de décider de voyager en Chine où il acquit le mandarin, en 1914. Mohand Tazerout sillonne l'Europe où il sera mobilisé en 1917 en Belgique pendant la Première Guerre mondiale. Rapatrié en France après avoir été blessé, il décide de s'y installer et continue ses études à Poitiers, puis prépare une licence en allemand à Strasbourg. Après un court passage en Algérie en 1953, il repart en Tunisie puis au Maroc où il nous quitte à jamais à Tanger en 1973. «Il était blessé par l'Algérie, à l'image de Mohammed Arkoun et Mouloud Mammeri, la raison pour laquelle il n'est pas resté ici», explique Fodil Boumala, qui sera l'un des intervenants de cette journée d'étude. Un mini-documentaire, contenant plusieurs témoignages, fait par le réalisateur algérien Hocine Redjala, sera diffusé pendant l'activité. Le public est cordialement invité à y assister, ajoute le président de l'association organisatrice de l'événement, le professeur Omar Boussaha.