Avec Amar Saadani, secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), les choses ne sont jamais simples. Le patron de la première force politique du pays a tenu, hier, un meeting à Aïn Oulmane, ville située à 35 km de Sétif. Dès le matin, un comité d'accueil formé de cadres du parti, mais également de fidèles à l'ancien mouhafadh Moûad Bouchareb (remplacé par Nasser Bettache) s'est regroupé à proximité de la salle de sports, protégé par un important cordon de sécurité. Munis de banderoles sur lesquelles étaient inscrits les slogans habituels «Le FLN à Arris, pas à Paris», mais également «Oui à la légitimité, pas à l'imposture» et «Non à la chkara», des opposants ont tenté de rejoindre l'enceinte du complexe pour empêcher la tenue du meeting. Repoussés par les forces de police, ils ont alors jeté des œufs sur les participants au meeting et contraint Amar Saadani à emprunter un autre itinéraire pour accéder à la salle de sports afin de s'adresser aux militants. Le secrétaire général, mais également ses plus proches collaborateurs au sein du bureau politique doivent à chaque déplacement affronter le mécontentement des militants. Même si dans l'entourage de Amar Saadani on se plaît à minimiser les incidents et à les attribuer aux déçus et aux exclus, la cassure entre une bonne partie des militants et des cadres du parti avec la direction actuelle est profonde. Il faut dire que le patron du FLN ne fait rien pour arranger les choses. Adepte du passage en force, il s'estime intouchable tant que le soutien dont il bénéficie au sein du clan présidentiel lui est acquis. Depuis son arrivée à la tête du FLN, Saadani s'est lancé dans une campagne de renouvellement des cadres du parti et de création de nouvelles mouhafadhas, provoquant des aberrations, comme c'est le cas dans la wilaya de Sétif, qui a été découpée en quatre secteurs : Bougaâ, El Eulma, Sétif et Aïn Oulmane, alors qu'elle ne comptait qu'une seule mouhafadha. Du coup, le parti croule sous les demandes des militants qui réclament à leur tour de pouvoir bénéficier du nouveau découpage. Pour l'heure, une quarantaine de nouvelles mouhafadhas ont été installées, mais le chiffre pourrait rapidement être revu à la hausse. L'équipe de Saadani a également décidé, sous prétexte de vouloir rajeunir la composante du parti, de favoriser l'émergence de jeunes militants redevables au secrétaire général du parti. Ces jeunes pousses, censées lui assurer un soutien actif lors de la tenue du 10e congrès du parti dont la date n'a toujours pas été annoncée, sont le plus souvent sans expérience et doivent affronter le mécontentement d'une base difficile à contrôler.