Pour ne pas changer, Saadani a encore reproché à l'opposition de s'opposer, expliquant que «la révision de la Constitution fait peur». Oui, mais à qui ? Qui la repousse depuis des années, l'opposition ? Non, ce sont les gens que défend Saadani et qui ont refusé de passer par un référendum pour adopter la dernière Constitution. Comment s'opposer à l'opposition ? Il suffit de prendre le discours de l'opposition et de l'inverser. A l'image de Bensalah, qui vient d'accuser l'opposition de vouloir «plonger le pays dans l'instabilité», alors que c'est sous le règne de Bouteflika que le pays a connu le plus grand nombre d'émeutes depuis l'indépendance. Quant à Benyounès, il vient d'accuser «l'opposition de vouloir réhabiliter les terroristes», regrettant que «des télévisions leur donnent la parole», visant Madani Mezrag, alors que cette chaîne à laquelle il fait allusion est de droit étranger et protégée par l'Etat en échange d'un soutien au Président et de sa persévérance dans la diabolisation de l'opposition démocratique. Benyounès, peu courageux, a surtout oublié que Mezrag a été reçu à la Présidence par Ouyahia, ce qui a étonné l'opposition justement. Enfin, il faut revenir au grand analyste Saadani qui a reproché à l'opposition de ne pas avoir de programme. En réalité, le seul programme du régime consiste à condamner le programme de l'opposition qu'il finit par adopter avec le temps, comme annoncé dans la prochaine Constitution : séparation des pouvoirs, indépendance de la justice, instauration d'un Etat civil, libertés individuelles et collectives ainsi que l'officialisation de tamazight, autant de thèmes développés par l'opposition qui en a fait son programme depuis des décennies. Au fond, quand on est une personne normale, comment ne pas s'opposer à ces gens qui racontent n'importe quoi ? Il faudrait s'opposer à soi-même. Ce qui est en soi un vaste programme.