Dans une ambiance de désordre et de confusion générale, le président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci, a été contraint de sortir de sa réserve afin de recadrer le débat sur l'état du projet de révision de la Constitution tel que porté par certains acteurs de premier plan, dont le président de l'APN lui-même. Dans une ambiance de désordre et de confusion générale, le président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci, a été contraint de sortir de sa réserve afin de recadrer le débat sur l'état du projet de révision de la Constitution tel que porté par certains acteurs de premier plan, dont le président de l'APN lui-même. «Lorsque le président de la République décide de procéder à la révision de la Constitution, il le fait à travers une saisine officielle du Conseil constitutionnel», affirme Mourad Medelci. Les déclarations du président du Conseil constitutionnel sonnent comme une mise au point aux responsables du FLN et du RND qui multiplient les annonces autour de la révision de la Constitution. Cacophonie ! Le mot peut paraître faible pour définir le débat autour du vieux projet de la révision constitutionnelle. Et pour cause, ce chantier qui bat tous les records en matière de retard accumulé n'a pas permis aux tenants du pouvoir et aux partis qui gravitent autour d'eux d'accorder leurs violons pour, au moins, faire les mêmes annonces sur le sujet. Et la confusion a atteint son paroxysme ce week-end. Face à l'offensive menée par le tandem du FLN, Ould Khelifa-Saadani, concurrencé par le secrétaire général du RND, Abdelkader Bensalah, une voix «autorisée» intervient pour leur rappeler une réalité. Il s'agit du président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci, qui semble contraint d'intervenir pour rappeler à ces trois responsables politiques, qui ont déjà enfourché le cheval de la révision, une réalité : celle contenue dans la Constitution. «La Constitution est régie par des règles claires et lorsque le président de la République décide de procéder à sa révision, il le fait à travers une saisine officielle du Conseil constitutionnel, et nous sommes en attente de cette saisine jusqu'à présent», a déclaré le président du Conseil constitutionnel, Mourad Medelci, dans une déclaration, hier, en marge d'une activité sectorielle avec le ministre de l'Habitat. Décidé, semble-t-il, à calmer le jeu, Mourad Medelci invite, implicitement, les chefs des partis au pouvoir – qui se livrent bataille autour du sujet de la révision de la Constitution afin de montrer encore leur loyauté au président Bouteflika – à attendre encore que la mouture finale du texte atterrisse au Conseil constitutionnel. «La révision de la Constitution est d'une importance capitale pour la nation algérienne et lorsque le Conseil constitutionnel sera saisi du projet, il l'examinera minutieusement», a-t-il indiqué, en réitérant son souhait de voir la révision constitutionnelle «consolider» la démocratie. «Nous souhaitons que la révision constitutionnelle soit fructueuse en termes de consolidation de la démocratie dans le pays», enchaînait-il. Les déclarations de Mourad Medelci sonnent comme une mise au point à ces responsables de partis au pouvoir qui font de la surenchère politique leur sport favori. En effet, ces derniers n'ont pas lésiné sur les mots pour annoncer, comme s'ils étaient très au fait de l'évolution du projet présidentiel, «une révision imminente», «très proche» et «dans peu de temps» de la Constitution. Mercredi dernier, le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Larbi Ould Khelifa, avait annoncé, à la Télévision nationale, avoir reçu une mouture du projet «il y a 15 à 20 jours» et que «la révision constitutionnelle sera profonde». Cette annonce est une aubaine pour le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, qui, en difficulté au sein de son parti, la saisit au vol, dès vendredi, pour l'exploiter à ses propres fins. Devant ses partisans à Sétif, il assure que «le prochain gouvernement sera composé par son parti, après accord du président Bouteflika». Le même Amar Saadani ne cesse de faire des annonces sur, tantôt l'imminence de la révision de la Constitution, tantôt sur le remaniement du gouvernement. Mais aucune ne s'est concrétisée sur le terrain. En concurrence avec le patron du FLN, le secrétaire général du RND, Abdelkader Bensalah, ne veut, semble-t-il pas rater l'occasion de montrer, lui aussi, qu'il est au courant de tout ce qui se passe au sein du sérail. Il s'engouffre alors sans attendre dans le débat sur la révision de la Constitution. Dans un discours prononcé, hier, devant ses secrétaires de wilaya, le deuxième homme de l'Etat annonce que la révision de la Constitution «interviendra dans peu de temps». Bensalah est revenu sur les grands axes de la nouvelle Constitution, qui concrétisera, estime-t-il, «la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la justice, les libertés individuelles et collectives». Les mésententes s'étendent aussi au mode d'adoption de ce projet. Alors que le patron du FLN plaide pour un passage par les deux Chambres du Parlement, les responsables des autres partis proches du pouvoir, à l'image du MPA de Amara Benyounès, demandent l'organisation d'un référendum.