«Mais pour qu'il soit question de démocratie participative, ne serait-il pas plus opportun qu'elle s'applique d'abord en direction des responsables locaux, eux, en contact direct avec la population? Comment se fait-il que le chef de daïra ne soit pas mis au courant des projets de développement ou d'amélioration urbaine programmés en telle ou telle commune dont il a la tutelle? Il arrive que je reçoive les protestations de citoyens sur tel ou tel sujet de préoccupation et voilà que trois jours après un chantier est lancé par une direction d'exécutif prenant précisément en charge cette préoccupation! Cela fausse nos rapports avec les citoyens! Pis, des fois, ce sont des citoyens qui nous avisent qu'un projet va être incessamment lancé!» Cette intervention a été le moment fort d'une rencontre organisée dans la perspective de sensibiliser les cadres, les élus et quelques membres de la société civile sur la nécessité de susciter l'adhésion et la participation des citoyens autour des programmes de développement en général et ceux en faveur de l'amélioration de leur cadre de vie. Cette rencontre fait suite à une injonction du ministre de l'Intérieur pour la mise en œuvre d'une démocratie participative. D'autres réunions sont programmées sur la même question dans les jours à venir. Cependant, précédant l'intervention mise en exergue, met en cause la rétention de l'information qui sévit à Témouchent : «Comment voulez-vous qu'un citoyen s'implique alors qu'il n'est pas informé sur ce qui se décide dans sa wilaya ou sa commune et qui le concerne au premier chef?» Un maire ira plus loin dans l'état des lieux, situant à 2010, la fin de toute coordination et concertation entre l'exécutif de wilaya et les autres échelons institutionnels (daïra et communes). Décrypté, son propos vise la perpétuation d'une gestion excluant toute transparence, cela depuis que l'ex-wali et actuel ministre du Tourisme avait pris en charge les destinées de la wilaya. Ces réactions ont surgi alors que le wali par intérim, qui présidait la réunion, tentait de recadrer les propos de certains directeurs d'exécutif. Ces derniers demeuraient dans l'autisme alors que la circulaire les invitait à lâcher du lest et de se départir de leur omnipotence. Il a également été question de la défaillance du mouvement associatif selon certains directeurs: «Ils s'étonnent que sur 1500 associations, il n'y en a eu que 300 qui ont renouvelé leurs statuts. Mais, c'est normal cette démission puisqu'on ne veut de société civile que vassale de l'administration. Les directeurs d'exécutif bloquent les associations jugées indociles et qui activent sur ce qu'ils estiment être leur plate-bande. Même les réunions dans le cadre légal de leurs activités en direction des citoyens sont soumisses à autorisation», nous lance à l'issue de la rencontre, un élu, ancien membre d'une association. Néanmoins, d'aucuns ont estimé, pour ce qui est du cas de Témouchent, si cette note arrive à dégeler sa technostructure pour qu'elle se départît de sa morgue et de sa suffisance, ce serait une positive avancée.