Servant initialement d'hôtel, le foundouk (prononcé «fendak» à Constantine) fut aussi une sorte de salon artistique réunissant musiciens et poètes dans une ambiance particulière. Equivalent du caravansérail ou du khân orientaux, la construction des foundouk date de l'époque ottomane. Ces hôtels servaient de lieu de transit pour les caravanes et commerçants de passage à Constantine. Mais leur réputation tient surtout à l'usage qu'en faisaient les mélomanes et autres «Hshayshiya». Ces derniers, comme leur nom l'indique, étaient certes amateurs de «paradis artificiels», mais, qu'on ne s'y trompe pas, les foundouk n'étaient pas de vulgaires bouges. Ils étaient au contraire caractérisés par une propreté irréprochable et décorés avec un raffinement certain. Associés au genre musical et poétique zdjel, ils étaient à l'image des séances raffinées décrites dans les textes. Rossignols, chardonnerets ou ortolans y étaient élevés et appréciés pour leur chant délicat. Le peuple des foundouk cultivait comme une nostalgie de l'Andalousie perdue. Ces lieux sont largement décrits dans les récits de voyageurs, mais aussi dans les textes de Kateb Yacine ou Tahar Ouettar... Le foundouk a également joué un grand rôle dans la transmission de la musique savante. Ils furent, à côté des zaouias, et dans un tout autre genre, «des lieux de référence des pratiques les plus régulières de la médina qui disposent de leurs codes d'accès et de leurs rites d'appartenance», analyse Abdelmadjid Merdaci dans son Dictionnaire des musiques citadines de Constantine. Situés dans la vieille ville, on peut citer les foundouk de Bencharif, Ben Azziem ou Sidi Gsouma... Quelques-uns, à l'image de celui de Beni Abbès, à Rahbet Ledjmal, abritent des artisans mais la plupart sont dans un état de dégradation avancée. Un plan de réhabilitation a justement été annoncé pour l'événement Constantine, capitale de la culture arabe 2015.