Les mouvements de protestation populaire à l'égard de sa politique deviennent de plus en plus fréquents et prennent, chaque jour, plus d'ampleur. Ses principales tourmentes découlent de son incapacité à garantir les besoins quotidiens de la population, dont la préoccupation majeure est le non-versement des salaires, pour le sixième mois consécutif à près de 160 000 fonctionnaires civils et militaires. Les quelque 120 millions de dollars que percevaient les fonctionnaires de l'Autorité palestinienne dont dépendaient directement près du tiers de la population palestinienne vivant dans les territoires étaient indispensables à la marche de la machine économique, déjà souffrante. L'absence de cette masse salariale a presque paralysé de nombreux secteurs de cette économie reliée par la force des choses ainsi que par des accords signés par l'Autorité palestinienne à l'Etat hébreu, dont la responsabilité est énorme dans la situation actuelle. Afin d'obtenir des concessions politiques de la part des Palestiniens, Israël a toujours utilisé les pressions économiques. L'interdiction aux travailleurs palestiniens de regagner leur poste à l'intérieur de l'Etat hébreu, des années durant, l'état de siège et le blocus, avec la fermeture des points de passage entre les territoires et Israël, d'un côte, où entre les territoires et les pays voisins, d'un autre côte, sont des preuves concrètes de ces formes de pression. Depuis la venue du Hamas au gouvernement, Israël refuse aussi de remettre à l'Autorité près de 50 millions de dollars représentant les taxes et les droits de douanes qu'il perçoit mensuellement, sur les marchandises transitant par ses ports et ses aéroports en direction des territoires. Rajoutées à l'embargo international qui prive les Palestiniens des aides financières des donateurs, à leur tête l'Union européenne et les Etats-Unis, pour lesquels le Hamas est un mouvement terroriste, l'Autorité palestinienne se voit incapable de payer ses employés. Acculés et perdant patience devant une situation qui semble figée depuis 6 mois environ, les Palestiniens ont commencé à prendre des mesures concrètes contre le gouvernement, dont des manifestations de protestation dans les rues des différentes villes ainsi que des mouvements de grève. La manifestation la plus violente a eu lieu mardi dernier à Ghaza, lorsque des milliers de travailleurs, sans aucune ressource, ont investi la place du conseil législatif. Pour la première fois, les forces de l'ordre ont échangé des jets de pierres avec les manifestants et usé de leurs armes à feu. Par ailleurs, plus de 3000 employés de la Fonction publique se sont rassemblés dans l'enceinte de la Mouqataâ à Ramallah, exigeant le versement de leurs salaires. Le président Mahmoud Abbas a affirme sa solidarité avec les manifestants et leurs revendications. Il a affirmé au cours d'une allocution : « Nous sommes pour la démocratie dont nous avons accepté les résultats, mais la démocratie ne peut valoir le pain quotidien du peuple. » Il a déclaré, aussi : « Nous voulons un gouvernement d'union nationale, penser aux intérêts du peuple, réfléchir à la manière qui puisse nous sortir de cette catastrophe. Il est de notre responsabilité de décider et de protéger chaque citoyen car notre peuple ne mérite pas tous ces drames. » Il a enfin réitéré son appel à un arrêt des tirs de roquettes artisanales, qu'il a qualifié de « tuyaux », à partir de la bande de Ghaza contre Israël. « Ce qui se passe à Ghaza à cause des roquettes tirées en vain doit cesser immédiatement. » Il a souligné que des dizaines de Palestiniens avaient été tués ces derniers mois. « Pourquoi ? », a-t-il demande devant les manifestants. Un mouvement de grève générale, touchant plusieurs secteurs de la Fonction publique dont ceux de l'Enseignement et de la Santé, devrait être lancé aujourd'hui, ce qui risque de retardé la rentrée scolaire prévue la même journée. Sur le terrain, l'armée Israélienne s'est retirée, jeudi, du quartier Chedjaiya à l'est de Ghaza ville, qu'elle a investi samedi dernier, après y avoir tué 22 personnes et blessé des dizaines d'autres. Les traces de l'incursion israélienne étaient bien visibles. Des maisons partiellement détruites, des impacts de balles et d'obus sur les murs, des terres agricoles dévastées, des oliviers déracinés, des carcasses de voitures écrabouillées par les chars jonchaient les rues, des poteaux électriques à ras le sol, des conduites d'eau potable et des eaux usées éventrées, des citoyens effarés par l'ampleur des dégâts. Certains d'entre eux pleuraient encore leurs proches, tués au cours de l'agression. Dans la même journée, des avions israéliens ont largué des milliers de tracts sur le même secteur ainsi que sur plusieurs zones de la bande de Ghaza. Le texte prévient les habitants qu'ils sont utilisés comme des « boucliers humains » par des « éléments terroristes ». « Ne laissez pas des groupes extrémistes qui agissent pour des intérêts étrangers vous empêcher d'avoir un avenir en sécurité et une économie florissante », pouvait-on lire aussi. En Cisjordanie occupée, à Naplouse, les forces spéciales de l'armée israélienne ont assassiné Fadi Khaficha, un commandant des Brigades des martyrs d'Al Aqsa, la branche armée du Fatah. Ainsi, les Palestiniens se retrouvent entre le marteau des agressions israéliennes meurtrières et l'enclume de la pauvreté et de la misère. Le remède à cette situation est connu de tout le monde. L'unité nationale ainsi que le travail pour l'intérêt du peuple et non celui de tel mouvement ou d'un autre, ou bien de telle force régionale ou d'une autre.