L'agence de police européenne Europol entend jouer un «rôle accru» dans la lutte contre les réseaux d'immigration illégale en Méditerranée, en envoyant notamment des experts dans les principaux pays d'arrivée des migrants, a déclaré hier à Bucarest son directeur, Rob Wainwright. Les décisions adoptées par les dirigeants européens lors du sommet de jeudi consacré à cette question «prévoient un rôle accru d'Europol, notamment en ce qui concerne le démantèlement des réseaux de trafiquants», a indiqué M. Wainwright au cours d'une conférence de presse. «Nous envisageons d'envoyer des experts dans les pays situés en première ligne, dont la Grèce et l'Italie, qui sont à pied d'œuvre pour s'attaquer à ce problème», a-t-il souligné. L'agence européenne a également été chargée par les dirigeants européens de «surveiller la manière dont internet est utilisé par des réseaux criminels pour le recrutement et le transfert des victimes», a ajouté son directeur. Selon M. Wainwright, depuis le début 2014, Europol a coordonné quelque 1500 enquêtes visant l'immigration clandestine, qui ont conduit à l'arrestation de 400 passeurs. Le Vatican a vivement critiqué, hier, comme contraire au droit international les projets des dirigeants européens d'une action militaire, avec l'accord de l'ONU, pour détruire les bateaux des passeurs avant qu'ils n'embarquent des migrants en Libye. L'Union européenne a décidé, jeudi, d'en appeler aux Nations unies pour éliminer des trafiquants d'êtres humains, à l'issue d'un sommet européen convoqué après le naufrage d'un chalutier qui a fait plus de 700 morts en Méditerranée. Le président français François Hollande avait annoncé qu'une résolution allait être présentée à l'ONU pour pouvoir détruire les bateaux des passeurs en Méditerranée. «La décision a été prise de présenter toutes les options pour que les navires puissent être appréhendés, annihilés» avant qu'ils n'embarquent des migrants, avait déclaré M. Hollande. «Cela ne peut se faire que dans le cadre d'une résolution du Conseil de sécurité et la France prendra une initiative, avec d'autres», avait-il ajouté. «Voici une idée très étrange ! Qu'est-ce qu'ils vont bombarder ? Il y a le droit international ! Bombarder dans un pays est un acte de guerre», a fustigé le «ministre» du pape chargé du dossier des migrations, le cardinal italien Antonio Maria Veglio, à l'agence de l'épiscopat italien SIR. «Qu'est ce qu'ils vont viser ? Seulement les petits bateaux des migrants ? Qui garantit que cette arme ne tuera pas aussi des personnes à proximité, en plus de détruire les bateaux ?» a ajouté le cardinal, en remarquant : «Tant qu'il y aura les guerres, les dictatures, le terrorisme et la misère, il y a aura des réfugiés qui iront là où ils pourront aller.» Les dirigeants européens ont demandé à la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, «de commencer immédiatement les préparatifs en vue d'une possible» mission militaire, selon le texte final du sommet européen.