Parmi les mesures présentées lundi soir, le doublement du budget de l'opération Triton de surveillance maritime en mer Méditerranée. «Nous n'avons plus d'alibi.» Pour Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, «c'en est trop», après le naufrage d'un navire de migrants qui fait craindre des centaines de morts. L'appel à l'aide envoyé lundi par un autre navire avec 300 personnes à bord rend l'urgence encore plus évidente. Dans l'après-midi, la Commission européenne a présenté des mesures d'urgence pour faire face à la crise, avant un sommet extraordinaire prévu jeudi. Un plan en dix points. C'est un plan en dix points qui a été présenté aux ministres européens des Affaires étrangères et de l'Intérieur, réunis à Luxembourg, a annoncé Thomas de Maiziere, le ministre allemand de l'Intérieur. Les ministres l'ont «pleinement soutenu» et il doit être soumis jeudi aux chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, réunis en sommet extraordinaire. Parmi ces mesures, le doublement du budget et du nombre de navires alloués à l'opération Triton de surveillance maritime en Méditerranée. A l'heure actuelle, cette opération menée sous l'égide de Frontex, l'agence européenne de surveillance des frontières, est dotée d'un budget de 3 millions d'euros par mois, rappelle Le Monde. Elle mobilise quelques navires, quatre avions, un hélicoptère et 65 officiers. L'UE entend aussi étendre la zone opérationnelle de l'opération. La Commission européenne propose aussi un «effort systématique pour saisir et détruire les navires utilisés par les passeurs», à l'image de ce qui a été fait pour lutter contre la piraterie dans le golfe d'Aden. Les agences européennes chargées de la police criminelle (Europol), de la coopération judiciaire (Eurojust), de l'asile (EASO) et de la surveillance des frontières (Frontex) doivent en outre se rencontrer régulièrement et échanger sur les méthodes des passeurs. Concernant les migrants eux-mêmes, l'EASO, le Bureau européen d'appui pour l'asile, doit «déployer des équipes en Italie et en Grèce», où l'afflux de migrants est également important. Les Etats membres devront s'assurer de prendre les empreintes digitales de tous les migrants. La Commission européenne propose de «considérer les options pour un mécanisme de réinstallation d'urgence» et évoque un «projet pilote de relocation» pour les «personnes ayant besoin d'une protection». Pour les migrants en situation irrégulière, l'UE souhaite proposer un «nouveau programme de retour rapide». Enfin, il est également question d'accentuer l'effort de coopération avec les pays voisins de la Libye et de «déployer des agents de liaison de l'immigration dans des pays clés pour collecter des informations sur les flux migratoires et renforcer le rôle des délégations de l'UE».