S'il y a bien un sujet où la politique des gouvernements français, de gauche comme de droite, se confond, c'est bien l'appui inconditionnel à l'occupation du Sahara occidental par le Maroc. En effet, la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et berceau des droits de l'homme, continue de faire fi des principes du droit international en cautionnant les pratiques de la monarchie marocaine dans la dernière colonie qui existe encore en Afrique. Fidèle à sa doctrine coloniale, la France continue à tourner le dos aux valeurs de justice et de paix en prenant parti pour le fait accompli et en niant au peuple sahraoui son droit fondamental à l'autodétermination, un principe fondateur de l'Organisation des Nations unies dont la France a contribué à son avènement, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. La France a été jusqu'à présent la seule puissance ayant entravé la volonté de la communauté internationale en faisant avorter les tentatives d'un règlement du conflit du Sahara occidental au niveau du Conseil de sécurité. L'acte le plus flagrant en ce sens fut la levée de boucliers contre la proposition américaine d'introduire la dimension des droits de l'homme dans le mandat de la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso), seule mission parmi celles qui ont été mises en place dans le cadre de l'ONU qui ne dispose pas d'un volet relatif aux droits de l'homme. C'est d'ailleurs la France qui a exigé que la solution au conflit n'ait pas un caractère contraignant pour les deux parties et que toute solution soit mutuellement acceptable. Cette position a conforté le Maroc dans son entêtement pour s'opposer à toute initiative ne répondant pas à ses intérêts expansionnistes. Contrairement à cette vision réactionnaire et de par ses responsabilités en matière de maintien et de préservation de la paix et de la sécurité dans le monde que lui impose son statut de membre permanent du Conseil de sécurité, Paris aurait dû s'impliquer dans les efforts de la communauté internationale pour amener Rabat à se conformer à ses obligations au lieu de l'encourager à piétiner le droit et la légalité. Outre la volonté de préserver son influence politique sur son pré-carré africain, la France cautionne la politique coloniale du Maroc au Sahara occidental d'abord pour se frayer un chemin parmi les autres puissances qui se disputent une présence soutenue en Afrique (Etats-Unis et Chine) ensuite pour assurer une pérennité de ses intérêts économiques et culturels au Maroc, pour qui elle constitue de loin le premier partenaire avec un volume d'échanges de 5,5 milliards d'euros et plus de 6000 entreprises françaises implantées dans ce pays. Par ailleurs, la France a été, avec l'Espagne, le principal artisan de la reconduction de l'accord de pêche signé entre le Maroc et l'Union européenne permettant ainsi aux flottilles communautaires d'accéder aux eaux territoriales du Sahara occidental. Cet accord, qui fait fi des principes du droit des peuples à disposer de leurs ressources naturelles, a été obtenu malgré l'opposition dont il a fait l'objet au niveau des parlementaires européens et de la société civile dans de nombreux pays. La France, censée rejoindre l'engagement des Nations unies et de la communauté internationale pour un règlement juste, basé sur une solution politique mutuellement acceptable permettant l'autodétermination du peuple sahraoui, nous a habitués, lorsqu'il s'agit de ses ex-colonies, le Maroc notamment, de ne privilégier que la politique du fait accompli et ses intérêts. Malgré cette prise de position très négative et décevante, l'examen du dossier du Sahara occidental par le Conseil de sécurité fin avril, offre une occasion en or pour Paris de se détacher de cette réputation et s'aligner sur la légitimité internationale qui reconnaît au peuple du Sahara occidental son droit de disposer de lui-même.