Retour posthume du fils prodige de Sidi Ledjliss. Son exposition rétrospective a fait de lui la découverte de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Kamel Nezzar ne peint pas les choses tangibles, mais plutôt ce qui représente le principal, le meilleur et le plus parfait des choses. Une exposition rétrospective de ses œuvres, organisée au palais de la culture Mohamed Laïd El Khalifa, a fait de lui la découverte de ce début de la manifestation Constantine capitale de la culture arabe. Le plasticien, graveur et metteur en scène, a vu le jour dans le vieux quartier de Sidi Ledjliss, à Constantine, en 1951. Il a eu l'occasion de faire des études académiques poussées, en premier lieu à l'Ecole des beaux-arts d'Alger, puis à Florence, la fameuse ville italienne, avant de disparaître en 2002. La rétrospective qu'on lui a consacrée cette fois est l'occasion pour lui de revenir à sa ville natale où il reste une figure peu connue. La collection a bénéficié d'une scénographie didactique qui convient harmonieusement aux œuvres de l'artiste. Avant d'entrer dans l'espace qui accueille l'exposition, on passe d'abord par un couloir habillé pour l'occasion de panneaux sur lesquels on peut découvrir la biographie de l'artiste, une introduction subtile avant de s'embarquer à la découverte de l'univers artistique du plasticien. L'exposition en elle-même compte près de 100 œuvres de trois collections qui correspondent aux étapes de l'évolution de son style. La trilogie, placée sous le thème «Entre espoir et tourments», nous fait voyager dans un monde écorché vif qu'il a été. Elle se décline sous les titres expressifs de «Essence», «Infidjar» (explosion) et enfin «Arc-en-ciel». Chacun des volets est souligné de couleurs de fond délimitant l'espace de chaque période : vert, rouge et bleu roi. La période «Essence» transporte dans un univers féerique, inspiré par l'énergie de la flore. Les motifs qui dominent la collection oscillent entre fleurs, arbres, feuilles séchées… En outre, cette période a été marquée par la présence de sa femme, qui ne passe pas inaperçu car la féminité se ressent fortement chez lui. Elle était son élève à l'Ecole des beaux-arts d'Alger avant de devenir son épouse et finissait souvent ses tableaux, car l'artiste n'avait ni le temps ni la patience pour le faire. Dans les tableaux exposés, il y a une présence presque permanente de courbes et de silhouettes figurées de femmes, un clin d'œil à son épouse ? Certainement. «Infidjar», le second espace, dégage un souffle qui transperce. La collection a été peinte entre 1995 et 1996, période difficile pour tous les Algériens de l'époque, et le ressenti du plasticien n'est pas du tout à l'écart de ce que vivaient les Algériens.