Le football professionnel file à vive allure vers le mur. Son endettement n'a d'égal que l'entêtement des décideurs à le maintenir dans un coma artificiel pour continuer à gonfler l'ardoise impunément. Au vu de la loi, presque tous les clubs pros sont en faillite depuis la première année de l'instauration de ce système (2010). Pourtant, comme si de rien n'était ces clubs continuent d'exister, de prendre part aux compétitions en l'absence totale d'organes de contrôle. C'est un professionnalisme informel. De temps en temps, la Fédération et la Ligue de football professionnel s'invitent dans le débat à travers des communiqués et des rappels à l'ordre sans lendemain et surtout sans véritable effet sur l'amère et triste réalité d'un professionnalisme en totale inadéquation avec les normes qui régissent cette activité partout dans le monde. Le bureau fédéral semble se soucier de la situation et a évoqué le problème lors de sa dernière réunion, le 20 avril 2015. Dans son communiqué, il a «mis en demeure les clubs défaillants à se conformer à la réglementation et à apurer leurs dettes envers les joueurs dans les meilleurs délais». Cet énième appel pathétique à la raison ne changera rien. Les clubs continueront de produire dettes et faillite comme d'autres enfilent des perles en l'absence d'une réglementation claire, précise, inviolable, applicable à tous (pauvres ou riches). Le 20 avril, le bureau fédéral a «courageusement» signifié son «droit de prononcer l'interdiction d'engagement la saison prochaine pour les clubs récalcitrants et notamment ceux qui ont rétrogradé en Division nationale amateur». Quid des clubs de Ligues 1 et 2 qui sont en faillite et continuent de participer aux compétitions ? Ceux-là ne sont pas concernés par la mesure ? La FAF, qui a piloté l'opération du professionnalisme, avec l'assentiment des autorités, devrait cesser de s'éloigner des fondamentaux, se concentrer sur l'essentiel à savoir préserver le professionnalisme de tout ce qui peut le freiner, le mettre en danger, le dévoyer, comme c'est le cas, malheureusement, aujourd'hui. Elle porte une très grande responsabilité dans le fiasco du professionnalisme en Algérie en s'abstenant de mettre en place tous les mécanismes qui le préservent. A commencer par l'absence d'organes qui contrôlent et gèrent le professionnalisme. Une règle cardinale comme la «garantie financière» préalable à tout engagement dans le championnat n'est pas exigée des clubs pros. Dans tous les pays où le football professionnel existe, c'est le premier document que la Ligue exige d'un club pro qui sollicite un engagement. Le club qui ne présente pas cette pièce indispensable ne peut participer au championnat professionnel. Nonobstant le résultat technique, le classement sportif qui n'offre pas la garantie de sauvegarder l'intégrité de la compétition, le club doit automatiquement être exclu du championnat des Ligues 1 et 2 et versé dans les divisions amateurs inférieures. Cette exigence est incontournable. Elle est le premier garant de l'intégrité d'une compétition sportive de ce niveau. Les interdictions de recrutement, les amendes, c'est de la plaisanterie ! La règle doit être la même pour tout le monde. Un club professionnel relégué en division amateur suite à ses résultats sportifs, n'a pas le droit de s'engager en division inférieure à cause des dettes. Pourquoi alors donner le feu vert aux clubs pros tout autant endettés de participer au championnat en L1 et L2 ? Cette injustice est intolérable.