Des dizaines de parturientes sont renvoyées chaque jour en raison du manque de lits et de gynécologues. Le service de gynécologie obstétrique de l'établissement public hospitalier (EPH) de Thénia enregistre une forte affluence à longueur d'année. La prise en charge des parturientes en instance d'accouchement y fait grandement défaut. Le service ne compte que 23 lits, ce qui est insuffisant par rapport au nombre grandissant de patientes qui se dirigent vers cet établissement public. Le pari est loin d'être gagné dans ce domaine par le Département de M. Ouled Abas. Des dizaines de femmes sont renvoyées journellement à cause du manque de lits et de gynécologues. La wilaya dispose pour le moment de sept gynécologues qui assurent la garde à tour de rôle au niveau des EPH de Thénia (23j/mois) et de Bordj-Menaïel (7j/mois). Les dernières semaines de grossesse sont vécues comme un véritable calvaire par des centaines de familles. Trouver un établissement qui offre des conditions minimales à un accouchement sans risques, relève de l'exploit. L'exemple le plus édifiant est constaté durant la semaine écoulée au service maternité de l'EPH de Thénia. Là, les moyens humains et matériels dont dispose le bloc Maternité sont en deçà des normes. Faute de lits, certaines parturientes passent la nuit sur des matelas, allongés à même le sol. «Pourvu qu'elles soient admises et peu importe les moyens mis à leur disposition. Le plus important pour les familles c'est de trouver une maternité qui va accepter de garder leur malade», peste un agent de sécurité. Lors de notre passage, pas moins d'une dizaine de femmes dont la période de grossesse est arrivée à terme, sont allongées à même le sol, à l'intérieur des quatre salles de réanimation du service. Le mouvement y est très difficile. Pas facile de se frayer un petit chemin pour quitter ou regagner sa place. Le moindre faux pas pourrait avoir des conséquences fâcheuses. L'image est frappante. On ne se croirait plus dans un hôpital. Les parturientes qui accouchent par césarienne doivent attendre jusqu'à la libération d'une place pour l'évacuer du bloc opératoire. Le service fonctionne avec deux sages femmes, un gynécologue, un médecin généraliste et deux infirmiers. Mais cela n'est pas toujours le cas en raison des absences répétitives des gynécologues. «Certains d'entre eux s'absentent le jour où ils devaient assurer la garde. Ils attendent l'arrivée de leur tour et ils demandent une journée de maladie, alors que la plupart d'entre eux travaille ailleurs, dans des cliniques privées», nous confie-t-on sur place. Dans pareille situation, ce sont bien évidemment les femmes qui en paient les frais. Celles qui n'avaient jamais accouché ou celles souffrant de maladies ou d'autres complications sont renvoyées sine die vers les établissements sanitaires d'Alger. Le motif est clair ; si ce n'est pas le manque de place, c'est l'absence de gynécologues. Le comble, c'est que même le déplacement n'est pas assuré. L'hôpital dispose de plusieurs d'ambulances, mais peu de chauffeurs. «Il n'y a qu'un seul chauffeur qui travaille la nuit. Et si jamais il sera en déplacement, c'est aux familles d'évacuer leurs malades», peste un infirmier. Selon nos sources, quatre femmes enceintes sur six accouchent hors la wilaya. Il faut savoir également que 30% de césarisées à Alger sont originaires de Boumerdès. Les 13 maternités dont dispose la wilaya ne servent pas à grand-chose ; la majorité fonctionne avec des moyens dérisoires. «On a 42 gynécologues qui travaillent dans les polycliniques privées. La loi permet même de les réquisitionner pour qu'ils assurent la garde en cas de besoin au niveau des établissements publics. Mais on ne l'a jamais fait pour le moment», déplore un médecin qui préconise la réalisation d'un établissement hospitalier spécialisé dans la wilaya, à l'image de la clinique Sbihi de Tizi-Ouzou, pour mettre un terme à cet épineux problème. Toutes nos tentatives de joindre le directeur dudit hôpital et le DSP de Boumerdès pour de plus amples informations, n'ont pu aboutir.