Président depuis quelques années déjà de l'association «Lumières», Amar Laskri a tiré sa révérence en ce début du mois de mai, en laissant derrière lui un riche legs filmographique. Ses proches, ses amis et autres le savaient malade depuis quelques mois déjà, mais se refusaient de croire à une quelconque disparition. Amar Laskri était avant tout un homme chaleureux et passionné. Son œuvre, au travers des multiples films et documentaires réalisés, il l'a forgée à force de ténacité, et ce, dans des conditions parfois difficiles. Ainsi, le réalisateur et président de l'association «Lumières» laisse une œuvre saluée par toute la profession. Le réalisateur Dahmane Ouzid rappelle que deux amis cinéastes s'en sont allés presque le même jour : Amar Laskri et Rabie Benmokhtar. «Tout deux font partie intégrante de l'histoire du cinéma algérien. Amar Laskri, au-delà de sa biographie et filmographie disponibles sur le Net, était un ardent militant de la cause nationale et du cinéma algérien dont il a présidé la destinée à la tête de la défunte ONCIC avant le démantèlement des entreprises publiques audiovisuelles. Défenseur acharné du secteur public, il était très malheureux de voir les acquis de tant d'années s'effilocher au gré d'une gestion non réfléchie de la spécificité du cinéma qui l'a menée à la situation de sinistrose que nous vivons aujourd'hui à la tête de l'association Lumières ; il a continué jusqu'à son dernier souffle sa mission de sensibilisation des pouvoirs publics pour une meilleure prise en charge du secteur audiovisuel.» Pour le producteur algérien Bachir Derraïs, le regretté Amar Laskri est le réalisateur le plus populaire de l'Algérie. Il a réalisé des films sur la Révolution algérienne. Son long métrage Patrouille à l'Est est le film le plus vu et le plus populaire en Algérie. Bachir Derraïs estime qu'Amar Laskri était un révolutionnaire qui a réussi à témoigner par l'image de cette période historique. Ses films, même s'ils n'ont pas été primés à l'international, restent des films de référence pour l'actuelle et la nouvelle générations. Notre interlocuteur indique que le défunt donnait cette impression de méchant, mais au fond c'était quelqu'un de très gentil. «Il était à la fois simple, rebelle, modeste et populaire. Si la maladie l'a éloigné ces derniers temps des plateaux de tournage, Amar Laskri a toujours milité pour la bonne cause. «Il n'était pas heureux de voir dans quel état était le secteur cinématographique. Il a plaidé, dernièrement, pour la réouverture des salles de cinéma et la relance du 7e art en Algérie. Il était impuissant devant les pouvoirs publics, lui qui a vécu l'âge d'or du cinéma algérien», confie-t-il. Pour rappel, Amar Laskri est né en 1942 à Aïn Berda, à Annaba. Il a poursuivi de hautes études de cinéma, de théâtre et de radio à Belgrade, entre 1962 et 1966. Une année après, il a entamé la réalisation des courts métrages avant de passer aux longs métrages. Ainsi, après la réalisation de trois courts métrages, il contribue à la réalisation d'un épisode du film de fiction collectif, L'Enfer à dix ans (1968). Il dirige le CAAIC de 1996 à 1998, date de la dissolution du Centre. Ses longs métrages : Patrouille à l'Est / Dawriyyah nahwa al-sharq (1972), El moufid / Al-mufid (1978), Les Portes du silence / Abwâb al-çoumt (1987), Fleur de lotus (1998).Il a occupé le poste de directeur du Centre algérien pour l'art et l'industrie cinématographiques (CAAIC) de 1996 à 1998, et présidé l'association cinématographique «Adhwaa» qui a pour objectif la relance du cinéma algérien. Il est à noter que le défunt Amar Laskri sera enterré aujourd'hui dans sa ville natale Annaba.