Dans le cadre des activités initiées par la Société de philosophie algérienne, la Maison de la culture Ahmed-Ridha Houhou de Biskra a abrité, dernièrement, une séance de vente-dédicace de la dernière œuvre de Cherefeddine Choukri titrée «Les marges cosmiques». Ecrite en arabe, celle-ci est une compilation de réflexions philosophiques, d'essais et d'interviews sur des sujets brûlants de l'actualité nationale et internationale, dans laquelle ce jeune intellectuel fait preuve d'une profonde acuité, quant à sa perception des tares minant le développement des pays arabo-musulmans, et de la marche du monde à l'aune d'une imparable mondialisation. Rebutant aux premiers abords de par son aspect de pavé rédhibitoire, son livre est pourtant une source d'informations, d'analyse et d'éclairages portant sur des thèmes pouvant intéresser le commun des mortels. Absolument pas dérangé par la défection du public, il est vrai peu porté sur les livres, et encore moins sur la philosophie et la vie des concepts et des idées, il s'est dit heureux de la vingtaine de personnes présentes. «Je préfère voir quelques personnes de bonne qualité qu'une ribambelle de gueulards, ignares et obnubilés par leur vénération du matérialisme», a-t-il dit. Mais ne vous fiez pas à son air crâneur et à son regard sombre et baudelairien. Ecrire, un besoin irrépressible Cherefeddine Choukri, né en avril 1972, est d'une douceur et d'une attention sans pareil pour sa famille et ses amis. Son patriotisme est viscéral. Père de 3 enfants, il travaille au Centre de recherches scientifiques et techniques sur les régions arides (CRSTRA) de Biskra et parallèlement, il mène une carrière d'auteur et d'écrivain des plus prometteuses, selon ses pairs et notamment Boualem Dallabani, président du bureau local de la Société de philosophie algérienne, qui a animé la rencontre. Ayant à son actif des miscellanées; une dizaine de productions littéraires incluant des romans, des nouvelles, des essais philosophiques ainsi que 4 traductions d'œuvres de Malek Haddad à savoir «L'élève et la leçon», « Ecoute et je t'appelle », «Les zéros tournent en rond» et «Le malheur en danger», il n'a inexplicablement pas été retenu par les organisateurs de «Constantine, capitale de la culture arabe» pour présenter son travail sur ce monument de la littérature algérienne, tombant en désuétude à cause, est-il persuadé, d'un système scolaire sclérosé, éloigné des réalités de la vie, de la littérature nationale et universelle et de la philosophie. «Nous n'avons pas la culture de la culture. Le fait que les pouvoirs publics organisent de pseudo manifestations culturelles ne servant qu'à l'autosatisfaction de leurs initiateurs locaux, ce n'est pas de la culture mais un succédané inopérant. Je ne cherche ni privilège, ni promotion professionnelle, ni aucune autre forme de reconnaissance. J'écris pour écrire comme un besoin irrépressible», soutient-il. Iconoclaste et frondeur, nourri aux œuvres de Kateb Yacine, Dib, Djebloune, Wacini Laâredj, Al Mutanabbi, Gibran Khalil Gibran, Edouard Saïd, Adonis, Haddad, Faulkner, Hugo, Valérie, Dostoïevski, Nietzsche et bien d'autres penseurs, philosophes et écrivains du monde, Cherefeddine Choukri est doté d'une culture universelle à toutes épreuves. Maitrisant aussi bien la langue arabe que française, il est un parfait bilingue et ses études supérieures en sociologie de l'éducation lui ont permis de s'intéresser aux travaux de François Dubet pour qui, avoue-t-il, «J'ai une sympathie particulière.» Remonté contre les éditeurs algériens qui ne feraient pas preuve d'efficacité et de professionnalisme, à son sens, il est édité en Syrie et au Liban. Un fait qui l'incommode visiblement au plus haut point mais contre lequel «Je ne peux rien faire», se désole-t-il.