Des dizaines d'étudiants de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa ont marché, hier matin, dans les rues du chef-lieu de wilaya, pour exiger l'officialisation «immédiate» de tamazight. La marche, à laquelle a appelé le Mouvement pour l'officialisation de tamazight (MOT) – une récente création d'étudiants de l'université de Béjaïa qui se veut indépendante de toute chapelle politique – s'est ébranlée du campus Targa Ouzemmour et s'est dirigée vers la place Saïd Mekbel de la Liberté d'expression. Munis de banderoles, les marcheurs ont scandé des slogans contre l'exclusion et en faveur de l'officialisation de la langue amazighe, tels que : «Assa azekka, tamazight tella tella» (Aujourd'hui, demain, tamazight y sera), «Pour l'officialisation de tamazight», «Corrigez l'histoire, l'Algérie n'est pas arabe». Place de la Liberté d'expression, où a eu lieu un rassemblement, des représentants du mouvement ont procédé à la lecture de leur déclaration : «Nous demandons l'officialisation immédiate de tamazight, sa généralisation et son enseignement obligatoire sur tout le territoire national, nous demandons que soient revus et rebâtis tous les outils pratiques et théoriques de son enseignement sur des bases solides, et ce, avec la consultation de spécialistes en la matière, comme nous exigeons le recrutement systématique de tous les diplômés en tamazight.» Le MOT revendique également que la journée du 12 janvier, Nouvel An berbère, soit consacrée «fête nationale, journée fériée et payée». Dans le document, les étudiants se disent «persuadés que les problèmes que nous soulevons sont importants et qu'ils engagent l'avenir de notre Etat-nation» et «convaincus de la légitimité de ces revendications, nous sommes décidés à lutter jusqu'à leur pleine satisfaction». Parallèlement, devant la direction de l'éducation de Béjaïa, des dizaines d'enseignants, étudiants, diplômés et militants de tamazight ont organisé un rassemblement pour dénoncer le faible quota de postes budgétaires (15 postes, tous paliers confondus) attribués aux enseignants de tamazight, dans le cadre du concours national lancé par la Fonction publique pour le recrutement de 19 000 enseignants et, par ailleurs, exiger «l'officialisation et la généralisation de tamazight sur tout le territoire national». Mohammed Afroun, PES de tamazight et militant de la cause, a déclaré qu'«il est plus qu'impératif aujourd'hui que l'Etat officialise et généralise tamazight sur tout le territoire national et que cesse l'ostracisme qui frappe cette langue et cette culture qui sont une composante majeure de notre nation».