Les festivités officielles de commémoration du 70e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945 se dérouleront à Sétif. Malheureusement, la cité martyre ne s'est pas hissée à la dimension d'un tel événement. Sachant que cette impérissable date a changé le cours de l'histoire contemporaine du peuple algérien. Attendu avec impatience et curiosité à la fois, le programme concocté à huis clos par des «éminences grises» est à 98% copier-coller à celui de l'année dernière. Hormis la marche qui doit emprunter l'éternel itinéraire, le salon national du livre et le colloque international ayant pour thème «Massacres coloniaux» organisé par le département colloques et congrès du ministère de la culture, le reste de la feuille de route transmise à la presse se résume globalement à une compétition de pétanque, une exposition de philatélie, un tournoi régional de basket-ball, un concours de dessin et à des olympiades pour enfants. Selon le «programme», le ministre des moudjahidine, Tayeb Zitouni, qui présidera les cérémonies officielles, zappera le colloque international prévu à l'université Sétif II. Pis encore, l'indigent et l'indigeste programme faisant outrage aux victimes, à leurs proches et à la société civile qui n'a pas été associée à la confection d'un programme à la hauteur d'un événement faisant actuellement l'actualité à Paris où des hommes politiques, des associations, historiens et citoyens lambada se mobilisent, prend fin samedi. Au grand dam des défenseurs de la mémoire, s'expliquant mal un tel ratage, qualifié de scandale sous d'autres cieux. Faisant fi des sentiments et avis de l'opinion, les «initiateurs» du réchauffé n'ont pas pensé un seul instant à délocaliser les «activités» à Aïn Sebt, Bouandas, Bougaâ, Beni Aziz, Amoucha, Babors, Ouricia, Maouane et dans d'autres localités où les populations ont souffert le martyre durant plus de six semaines d'une répression féroce. On n'a pas en outre pensé un seul instant à convier les élèves du lycée Mohamed Kerouani (ex-collège Eugene Albertini) à une courte séance de transmission de la mémoire, un important exercice de l'autre côté de la Méditerranée. Les amnésiques ont donc oublié de remettre sur la table l'engagement patriotique de 17 jeunes collégiens (Maïza Mohamed-Tahar, Benmahmoud Mahmoud, Torche Mohamed-Kamel, Kateb Yacine, Lamri Abderrahmane, Keddad Bakhouche, Lamriben Nasredine, Djemame Abderrezak, Ferrani Ouamar, Cherfaoui Mohamed, Khaled Khodja, Abdeslam Belaïd, Yanat Boualem, Mostefaï Seghir, Taklit Tayeb, Abdelhamid Benzine et Abdelkader Zeriati) exclus pour avoir épousé la cause nationale. Pis encore, le projet de l'observatoire du 8 Mai 1945, dont la première pierre a été posée le 8 mai 2012 par le président de la République lors de sa dernière visite à Sétif, observe trois ans après un interminable temps mort. Ne connaissant pas la valeur de la mémoire dans la vie d'un peuple, les chargés d'une aussi importante opération ont non seulement donné un grand coup de massue à un projet d'une inestimable valeur historique, mais relégué aux calendes grecques le geste du chef de l'Etat et fait offense aux sacrifices de milliers de suppliciés ayant payé le prix fort. L'impunité a laissé faire les auteurs d'un sabotage ne disant pas son nom. La réalisation d'un d'espace de mémoire et de souvenir demeure donc otage de l'inertie qui vient d'outrager, le 8 Mai, détonateur de la glorieuse révolution de Novembre 1954…