Les deux Chambres du Parlement, l'APN et le Conseil de la nation, ont organisé hier les cérémonies d'ouverture de leurs sessions respectives d'automne. Et comme il fallait s'y attendre, les deux présidents ont mis l'accent sur le contexte politique dans lequel le Parlement aborde la 5e législature. Ce faisant, Amar Saâdani, président de l'APN, puis Abdelkader Bensalah, se sont fait un point d'honneur d'évoquer la prochaine révision de la Constitution pour laquelle ils avaient déjà adopté des motions de soutien et qui semble sous-tendre tout l'arsenal législatif en préparation. Et pour cause, M. Saâdani a terminé son allocution par cette phrase qui sonne déjà comme une campagne avant l'heure : « A la veille d'une échéance politique décisive qui a pour enjeu la Constitution de la République, je voudrais surtout rendre hommage au peuple stoïque, uni et inébranlable que cette assemblée est fière de représenter. » Il était effectivement opportun de tresser des lauriers aux Algériens électeurs pour répondre, massivement de préférence, à la volonté du président Bouteflika. En précisant que « c'est une échéance décisive », le président de l'APN sait bien sûr de quoi il parle en ce sens que la révision de la Constitution qui suscite les appréhensions de l'opposition ou ce qu'il en reste, posera à coup sûr les jalons d'une Algérie dont rêve l'actuel président. Le président de la Chambre haute du Parlement, M. Bensalah n'en pense pas moins. Dans son allocution prononcée, il a souligné que la « session de l'automne se distinguera des autres sessions en raison de la conjoncture politique qui prévaut dans le pays ». M. Bensalah a évoqué, lui aussi, la révision constitutionnelle qui devrait après instituer de nouvelles règles de gouvernance. UNE SEULE VOIX Il ressort des discours prononcés par les deux présidents des deux institutions, théoriquement différentes, une seule voix. Celle d'un soutien franc et sans réserve à tout ce qu'entreprendra le président Bouteflika. Amar Saâdani ne s'en est d'ailleurs pas censuré en lâchant devant nos honorables députés que l'assemblée qu'il dirige « continuera à veiller à ce que les textes législatifs qu'elle adoptera soient conformes aux orientations du programme présidentiel dans sa lettre et dans son esprit » …C'est dire que la vocation actuelle de l'APN, et du Sénat du reste, est moins celle de traduire juridiquement les préoccupations de ceux qui l'ont élue que de servir de chambres d'enregistrement et d'adoption de tous les projets et lois du Président. La mode étant présentement aux ralliements, les présidents des deux Chambres du Parlement n'ont pas fait hier exception par rapport à la tonalité du discours politique ambiant. Chacun a redoublé d'ingéniosité pour dire son soutien « à la démarche du président de la République » et montrer patte blanche au risque de s'attirer les foudres. Et en la matière, le RND de Ouyahia en a fait un peu trop même. Juste après la cérémonie d'ouverture, son groupe parlementaire à l'APN s'est empressé de « pondre » un communiqué dans lequel il assure le Président en déclarant : « Notre soutien de tous les projets de lois que présentera le gouvernement algérien (…) au même titre que nous soutenons la réconciliation nationale, la révision de la Constitution et les projets de réformes économiques et de développement... » Les députés du RND rassurent également qui de droit qu'ils seront « à la hauteur de l'événement ». Voilà qui donne une image d'Epinal de la réalité du Parlement algérien. Hier, Abdelkader Bensalah et Seddik Chihab du RND, Abdelaziz Belkhadem et Amar Saâdani du FLN, posaient fièrement devant les caméras de la télévision et les flashes des photographes, avalant nonchalamment des petits fours. Il n'y avait pas de place à l'inimitié et la rivalité. Les quelques poussées d'adrénaline rapportées par la presse ne seraient finalement destinées qu'à amuser la galerie. Quant à l'opposition au Parlement, elle n'a aucune voix au chapitre. Les vingt projets inscrits pour cette session seront adoptés intégralement. A quelques fautes d'orthographe près…