Le Musée d'Art moderne et contemporain d'Alger, le Mama, abrite, jusqu'au 10 juillet prochain, une exposition autour des cinquante années de la Cinémathèque algérienne. C'est parce que celle-ci est un temple de la mémoire de notre cinéma qu'une imposante exposition de photos lui est consacrée. Pour son 50e anniversaire, la Cinémathèque d'Alger sort exceptionnellement de ses coffres certaines ses plus belles reliques, en l'occurrence des affiches, des coupures de presse, ou encore des photographies. L'ensemble des documents exposés oscillent entre 1965, date de la création de la Cinémathèque, et 1969, année de la tenue du Festival panafricain d'Alger. Organisé sous l'égide du Centre algérien de la cinématographie (CAC) et de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), le vernissage de l'exposition a eu lieu samedi dernier au Mama, en présence de convives algériens et étrangers. Parmi les invités étrangers, citons Costa Gavras, réalisateur franco-grec, Jean Michel Arnold, ancien programmateur de la Cinémathèque algérienne, Georges Dupont, directeur général du Conseil international du cinéma, de la télévision et de la communication audiovisuelle (Unesco), Daniel Van Espen, directeur des relations internationales de Signis, Serge Michel, vice-président de l'Unica, Jean Roy, membre du CICT, Jacqueline Housseaux, chargée de communication au CICT, Valentine Roulet, CNC France, Robert Slimane, directeur de Wonderland, et Steven Froelich, directeur artistique de Tambar. Un tour d'horizon de cette exposition inédite dans l'histoire du cinéma algérien permet, en effet, de constater que les objets exposés illustrent la variété et la richesse des collections de la Cinémathèque algérienne. Les cimaises du rez-de-chaussée et du premier étage du musée sont ornées de belles affiches de films cultes algériens, tels que L'opium et le bâton d'Ahmed Rachedi, Le vent des Aurès de Mohamed Lakhdar Hamina, La nuit a peur du soleil, de Mustapha Badie, Les hors-la-loi, de Farès Tewfik, ou encore La voie, de Mohamed Slim Ryad. Les affiches de coproductions ne sont pas en reste. En témoigne celle du film La Bataille d'Alger, de Gillo Pontecorvo, ou encore celle du film algéro-italien Trois pistolets contre César. Il est à noter que si l'ensemble des affiches exposées est issu du fonds documentaire de la Cinémathèque algérienne ; un travail titanesque a toutefois été entrepris à l'étranger par le commissaire de l'exposition, Ahmed Béjaoui, et par le directeur de la Cinémathèque, Sid Ahmed Semiane, pour justement récupérer les affiches réalisées par le défunt François Roulet. Ce dernier était affichiste à la Cinémathèque d'Alger dans les années 1960. Le directeur de la Cinémathèque précise : «Nous avons pu reconstituer les affiches qui étaient en Algérie, mais également celles qui étaient à l'étranger. La collecte a été très difficile. Avec l'appui de la fille de François Roulet, cette dernière nous a prêté une partie de sa collection personnelle. Comme l'ensemble de la collection de François Roulet est exposée dans un musée suisse, nous avons signé une convention entre la Cinémathèque algérienne et le musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds, en Suisse, pour un emprunt de certaines de ces affiches. Nous sommes heureux d'avoir pu reconstituer le fonds iconographique de la Cinémathèque algérienne.» On retrouve dans cette sublime exposition des instantanés du cinéaste américain d'origine autrichienne, Josef Von Strenberg, prises à Alger par le photographe Daniel Letrier, membre de l'équipe du regretté premier directeur de la Cinémathèque, Ahmed Hocine. Il est à signaler que cette exposition sur la saga de la Cinémathèque algérienne est programmée dans le cadre de la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe 2015, ainsi qu'au Centre culturel d'Algérie à Paris en 2016.