Le jeune artiste-peintre algérien, Hamza Bounoua, participera cette année et pour la première fois au Symposium international de la Maison d'art contemporain d'Assilah-Briech au nord-ouest du Maroc. La manifestation, qui se déroulera du 26 mai au 4 juin 2015 et qui est organisée par l'Association pour l'art et la culture (APAC), sera consacrée cette année aux arts africains sous le titre de : «La route de l'or, de Sijilmassa à Tombouctou». «L'art africain est à l'origine de l'art occidental, ce que nous avons tendance à ignorer ou à oublier. Au début du XXe siècle, nombre d'artistes européens se sont inspirés de l'art africain en le découvrant lors de l'exposition universelle. Ces découvreurs s'appelaient Gauguin, Picasso, Derain, Braque, Matisse, Vlaminck… Picasso avait déclaré avoir trouvé son chemin après avoir découvert l'art africain», a déclaré à la presse marocaine la plasticienne Ahlam Lemseffer, présidente de l'APAC. Outre l'Algérie et la Maroc, le symposium verra la participation du Niger, du Sénégal, de la Mauritanie, de l'Egypte, de la Libye, du Tchad et du Soudan. Les deux précédentes éditions du symposium étaient consacrées à l'art oriental et à l'art marocain. «Assilah est un forum ouvert d'abord aux artistes arabes, mais invite des plasticiens du monde entier. Les artistes y animent des ateliers où ils réalisent des travaux. Des tableaux qui restent à Assilah ou seront exposés dans plusieurs salles. Les organisateurs fournissent tous les moyens nécessaires aux artistes pour travailler. Des conférences et des débats sont organisés au cours de la manifestation. Une activité intense», a expliqué Hamza Bounoua. L'artiste envisage de réaliser des photos sur place qui serviront de matière première à des toiles et à des fresques murales. «A Assilah, ces fresques murales décorent la ville. D'où l'importance de ce symposium devenu l'un des plus importants en Méditerranée. Je souhaite qu'on organise des manifestations similaires en Algérie. Par le passé, par exemple, Souk Ahras organisait le festival des arts contemporains. Pourquoi cette manifestation internationale a-t-elle été abandonnée ? Des artistes venaient de partout à Souk Ahras où l'on réalisait des fresques murales. Au Maroc, la biennale de Casablanca des arts contemporains est organisée par l'artiste Mustapha Remli. Il a trouvé des sponsors, a utilisé ses propres moyens pour lancer l'événement. Les travaux qui sont exposés à cette biennale sont le fruit de résidences artistiques. La collection deviendra propriété du Maroc. D'ailleurs, le nouveau Musée d'art moderne au Maroc vient d'ouvrir ses portes après avoir acquis plus de 1500 œuvres. Personnellement, je m'interroge sur les acquisitions du Mama (Musée d'art moderne et contemporain d'Alger. Sans collection, un musée est réduit à un espace d'expositions», a soutenu Hamza Bounoua. Atelier-studio Il est préférable, selon lui, que le Mama se transforme en Art'project. «C'est-à-dire qu'il accompagne les artistes dans leurs projets, et puis reprend quelques-uns de leur travaux en acquisition. En vingt ou trente ans, un véritable trésor sera constitué», a-t-il noté. Il a cité également l'exemple des Emirats, où cinq musées d'art sont actuellement en chantier. Le Louvre d'Abu Dhabi sera ouvert au public en 2016 pour, entre autres, booster le tourisme dans la région. «Pourquoi les Français, qui disent avoir une bonne relation avec nous, n'ont-ils pas ouvert un Louvre en Algérie ? Les Français vont gérer pendant vingt ans le Louvre d'Abu Dhabi, mais à la condition de former des cadres et des techniciens locaux pour prendre en charge les musées en construction dans le futur», a-t-il souligné. Hamza Bounoua a ouvert un atelier-studio à Chéraga, à Alger, où il envisage de recevoir les collectionneurs d'œuvres d'art. «Parfois les collectionneurs ne veulent pas avoir affaire aux galeristes, mais aux artistes directement. Ils peuvent voir de près les travaux, parler avec les artistes, comprendre leur démarche esthétique. Je compte mettre mon espace à la disposition d'artistes algériens qui n'ont pas où exposer leurs toiles. C'est un espace privé mais ouvert», a-t-il indiqué. Hamza Bounoua a estimé que la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe» doit laisser des traces. «Pour Doha, capitale de la culture arabe 2010, un grand projet culturel a été réalisé, Katara. Katara est une véritable ville culturelle où l'on trouve des théâtres, des salles de cinéma, des salles de conférences, des espaces d'exposition de haut niveau… Chaque jour des activités sont organisées au niveau de Katara avec la présence d'artistes venus de partout. Qu'avons-nous gardé d'Alger, capitale de la culture arabe 2007 ? J'espère que pour Constantine, la leçon sera retenue», a-t-il soutenu appelant les artistes à plus d'engagement pour «changer les choses».