Jamais les relations diplomatiques entre le Saint-Siège et l'Etat palestinien n'ont été aussi bonnes. Et même si le pape Jorge Mario Bergoglio subit une grande pression de la part des gouvernements israélien et italien et de la communauté juive d'Italie pour l'empêcher de prendre ouvertement la défense des Palestiniens, il a quand même eu le courage de traiter directement avec l'Etat palestinien des questions relatives à la vie des chrétiens en terre sainte, ce que certains observateurs considèrent comme une «reconnaissance officielle de l'Etat palestinien». Le texte d'une entente globale diplomatique bilatérale, en négociation depuis 15 ans, a été approuvé, la semaine dernière, par les délégations des deux pays, mais «sera signé dans un proche futur», a fait savoir un communiqué du Saint- Siège. Les autorités israéliennes, comme on pouvait s'y attendre, n'ont pas tardé à exprimer leur «déception» face à cet accord et tous les médias pro-israéliens n'ont pas épargné le pape de leurs critiques fielleuses. Ces derniers estiment que le fait d'avoir invité Abbas et pas le chef du gouvernement israélien à la cérémonie de canonisation des deux saintes est une attaque ouverte contre Israël et vont jusqu'à s'offusquer que le maire de Bethléem ait été invité, lui, et pas celui de Jérusalem, désigné par les Israéliens. Lors de sa visite officielle en Italie, le président palestinien a été reçu respectivement par le président de la République italienne, Sergio Mattarella, par le chef du gouvernement, Matteo Renzi, et par le pape François, avec qui il s'est entretenu, hier, en audience privée, pendant une demi-heure. La rencontre entre le pape argentin et le leader palestinien, qui n'est pas la première, a été émouvante et empreinte de convivialité. L'image du souverain pontife qui embrasse le rosaire fait de bois d'olivier palestinien, que Abbas lui a offert, est éloquente. A son tour, le pape argentin a qualifié le responsable palestinien d'«ange de la paix». Aujourd'hui, les deux hommes se rencontreront encore à l'occasion de la canonisation de Mariam Bawardy de Galilée et Marie-Alphonsine Ghattas, de Jérusalem. Premières saintes palestiniennes de l'époque contemporaine, qui ont vécu durant le règne ottoman en Palestine, ces deux femmes ont été choisies par l'Eglise catholique pour l'abnégation qu'elles ont montré envers les plus démunis. Une messe solennelle, célébrée place Saint-Pierre et présidée par le pape François, sera le prélude à la canonisation des deux religieuses, Mariam Bawardi (1846-1878), qui a fondé, à Bethléem, le premier couvent carmélite de Palestine et Marie-Alphonsine Ghattas (1843-1927), fondatrice de la congrégation des Sœurs du Rosaire, à Jérusalem. Un millier de chrétiens palestiniens venus du Moyen-Orient et des centaines de Palestiniens exilés en Europe ont tenu à assister à cet événement historique.