Amar Kadi, alias Amar Amsah, fait partie des hommes qui ont fait vibrer la France coloniale avant le déclenchement de la guerre de Libération nationale. Connu aussi sous le nom de Amar Hamza, ce justicier, qualifié de «bandit d'honneur» par certains, était un militant du PPA puis membre de l'OS. Il avait accompli avec bravoure plusieurs hold-up contre l'occupant, dont le plus célèbre fut celui commis en juillet 1947 contre André Melmoux, l'inspecteur de police de sa localité natale, Naciria (ex-Haussonvillers). Ce héros qui fait la fierté de la région a été tué les armes à la main le 16 mai 1949 à l'ex-Abbo, Sidi Daoud aujourd'hui. Sa mort avait été célébrée comme un grand événement par les colons. «Amar Hamza est abattu à Abbo. La Kabylie est délivrée d'un tueur à gages, terroriste du PPA», titrait le journal l'Echo d'Alger du 17 mai de la même année. Chanté depuis longtemps par les grands-mères, Amar Amsah n'a, malheureusement, pas encore eu droit aux honneurs des tenants de l'histoire officielle. Sa tombe est restée à l'abandon 65 ans durant. Pour réparer cette injustice, un groupe de jeunes de Naciria regroupés au sein de l'Association culturelle «Tamussni» a eu la louable initiative d'ériger une stèle à son effigie à Aït Aliane, son village natal où il repose à ce jour. La stèle a été inaugurée hier en présence des proches du défunt, des élus locaux et de nombreux habitants de la région. «C'est le plus beau jour de ma vie», confie Ahmed Kadi, le frère cadet du martyr. «Mon frère s'est sacrifié pour ce pays. Il avait rencontré le colonel Oumrane à plusieurs reprises. Ce dernier nous as certifié que Amar Amsah était membre de l'OS, mais les responsables qui se sont succédé à la tête des structures du FLN et de l'organisation des moudjahidine au niveau local ont tout fait pour effacer son nom de la mémoire collective», s'indigne-t-il. Un septuagénaire du village Bouassem se rappelle à ce jour du visage du héros. «Moi, je l'ai vu une fois armé d'un Mat 56. Il avait des cheveux très longs. Il était quelqu'un de très dur», se souvient-t-il. Pour faire connaître son combat aux générations futures, les membres de «Tamussni» ont réalisé un opuscule de 13 pages sur la vie et le parcours de la légende. Les informations contenues dans ce document sont le fruit d'un travail de recherche mené depuis plusieurs années par Rezki Benameur, un enseignant passionné d'histoire. Pas moins d'une centaine d'exemplaires de cet ouvrage ont été distribués après l'inauguration de la stèle érigée en hommage à Amar Amsah. Cette initiative a été clôturée dans une ambiance de fête avec un déjeuner de couscous et la présentation de deux pièces théâtrales en plein air par la troupe «Tharwa Lassel».