Premi�re capitale de l�Alg�rie ind�pendante, la petite agglom�ration du Rocher-noir (nord-ouest de la Basse- Kabylie) qui d�pendait de la commune de M�nerville, actuellement Th�nia, avait en effet servi bri�vement de si�ge du Gouvernement provisoire de la R�publique alg�rienne (GPRA). Durant la guerre de Lib�ration, le territoire de l�ex- Rocher noir �tait partag� entre les Wilayas III et IV. En 1984, le nom de Boumerd�s a �t� attribu� � la petite bourgade baln�aire. Celle-ci est ensuite �rig�e en commune et en si�ge de la nouvelle wilaya du m�me nom. D�o� vient ce nom de Boumerd�s ? Une vir�e sur les hauteurs de la commune de Tidjelabine (ex-Belle Fontaine), plus exactement � Thala N�Doukar (fontaine du figuier m�le en tamazight), � environ 10 km du chef-lieu de la wilaya, s�impose. De Toulmout dans le sud du territoire de la commune d�A�t Amrane, nous sommes pass�s par le sud de Souk-El-Had et Th�nia (anciennement Tizi Nath A�cha), nous avons travers� les oliveraies et parcouru quelques montagnes pour arriver sur les lieux. On peut �galement monter � partir de la RN5 au niveau de Tidjelabine. Thala N�Doukar est un endroit important pour toute la wilaya de Boumerd�s. D�abord, de cette hauteur, le spectacle est magnifique. Au loin, au-del� du monticule de Ighzer Ibaoune, vers le nord, la M�diterran�e renvoie son bleu resplendissant. A l�ouest, c�est le vert de la plaine de Corso et Boudouaou qui domine. �De l�, nous apercevons la blancheur d�Alger�, affirme un habitant. Aux alentours, des hameaux et des maisons individuelles sont pos�s, comme dira A�t Menguellet, telles des perles sur les montagnes verdoyantes. Plus important, nous �tions sur le terrain o� a �t� �rig�e, il y plusieurs si�cles, la zaou�a des Ath Boumerd�s pour certains et de Ouled Boumerd�s pour d�autres. Chacun y puise ses arguments pour convaincre. C�est toute la complexit� de l�identit� alg�rienne qui y est symbolis�e � Thala N�Doukar. Dans ces montagnes, le triptyque amazighit�-arabit�-islamit� se conjugue au quotidien. La b�tisse que nous avons visit�e date de quelques si�cles. Une nouvelle mosqu�e a �t� �rig�e � c�t� de l�ancienne zaou�a. Cette derni�re est construite dans un style purement berb�re. Le b�timent unique dont la toiture est en tuiles est partag� en deux parties. Le mihrab fait face � l�entr�e �troite de la salle de pri�re. Le plafond n�est pas tr�s haut ; il ne d�passe pas les 3 m�tres. La seconde partie prot�g�e par une simple murette en longueur de la b�tisse (taskeft) est une sorte de lieu de tadjema�th avec un toit toujours en tuiles qu�on trouve dans les anciennes constructions du centre du pays et m�me dans certains pays riverains de la M�diterran�e, plus particuli�rement au sud de l�Italie et de la Gr�ce. Elle est destin�e au repos ou au rassemblement. Construite le long du mur, tassedarth� banquette �rig�e en pierres �, peut accueillir plusieurs personnes. Taskeft inspire calme, repos et s�r�nit�. A quelques dizaines de m�tres de la zaou�a, sous des oliviers, se trouve le mausol�e d�Ahmed Boumerdassi. Pour l�heure, il n�y a pas de recherches ni de documents s�rieux sur cette zaouia pour donner des indications irr�futables. On ne peut �voquer, par ailleurs, l�identit� de la wilaya de Boumerd�s, inspir�e par ce modeste lieu de pri�re, sans �voquer quelques autres rep�res, ceux notamment h�rit�s de la guerre de Lib�ration de 1954. Territoire des Wilayas III et IV La r�gion du sud de l�ex- Rocher noir est connue pour avoir �t�, apr�s le congr�s de la Soummam (1956), le territoire qui est int�gr� aux deux plus grandes wilayas du FLN/ALN. Il s�agit des Wilayas III et la IV. C�est oued Issers, qui traverse la wilaya au milieu, qui �tait la fronti�re entre les deux entit�s politico-militaires. Le passage par cette r�gion de voies de communication strat�giques� RN5, RN12 (Alger- Constantine et Alger-Tizi-Ouzou) et les voies ferr�es (Alger-Annaba et Alger-Tizi-Ouzou) �, d�une part, et la disponibilit� de zones foresti�res difficiles d�acc�s, d�autre part, ont �t� des �l�ments d�terminants pour les chefs du FLN, particuli�rement Ouamrane, pour implanter des unit�s de l�ALN. Dans la partie est de la wilaya de Boumerd�s, int�gr�e � la Wilaya III, le maquis r�volutionnaire commenc�, avec Krim Belkacem, bien avant le premier novembre 1954. Le fief de celui qui fera partie du petit groupe qui allumera la m�che de Novembre, c�est le massif de Sidi-Ali Bounab, dans la commune de La�ziv, situ� dans une zone strat�gique. Un grand nombre d�agglom�rations de Kabylie sont en effet visibles aux quatre points cardinaux � partir du sommet de cette montagne situ�e � une trentaine de kilom�tres de l�actuel chef-lieu de la wilaya de Boumerd�s. On y voit sa s�ur Djurdjura. Au pied de Sidi-Ali Bounab, dans l�ex-commune d�Haussonvilliers, La�-ziv N�za�moum, actuellement Naciria, Kadi Amar, plus connu sous le nom de Amar Amsah, militant du PPA et grand ami du fameux Ahmed Oumeri, commenc� le combat contre l�administration coloniale dans les ann�es 1940. Il a �t� trahi et tu� en 1949 � Abbo, devenue Sidi Daoud, � une vingtaine de kilom�tres au nord de La�ziv. Au sud de Rocher noir, la RN5 et la voie ferr�e par o� sont achemin�s marchandises, armement et troupes vers l�Est alg�rien passent par les gorges de Palestro. Juste avant se trouve la for�t de Djerrah. C�est � partir de cette for�t que le mythique commando Ali Khodja menait une partie de ses actions contre les forces de l�arm�e fran�aise. Ce bois n�a pas encore livr� le secret des faits dramatiques ou h�ro�ques qui s�y sont d�roul�s durant la R�volution. L�un des faits marquants qui s�est pass� dans cette partie de la commune de Ammal concerne le g�nocide perp�tr� par l�arm�e fran�aise. Elle (l�arm�e fran�aise) a liquid� � l�aide de gaz des centaines de personnes, moudjahidine et civils. Les victimes ont �t� emprisonn�es et gaz�es vivantes � l�int�rieur de plusieurs grottes scell�es avec du b�ton. Les ossements sont toujours l�int�rieur de ces excavations de Djerrah et cela n�a pas l�air d�inqui�ter l�organisation locale des moudjahidine, encore mois les responsables de l�administration. A quelques encablures l�ouest de Djerrah, une autre citadelle des moudjahidine a fait na�tre des l�gendes � la gloire des combattants de la Wilaya IV. �Fi djebel Bouzegza ki djat franssa testehza tahna aaliha be raffale� (Au djebel Bouzegza quand la France est venue m�prisante, nous lui tomb�mes dessus coups de rafales), chantaient les femmes et les enfants des quartiers dits musulmans d�Alger.