Les adversaires du secrétaire général ont décidé d'unifier leur action. A l'APN, un groupe parlementaire indépendant est en passe d'être constitué. Les choses se précipitent chez les adversaires de Amar Saadani. Cette brusque accélération des événements intervient au moment où la justice doit se prononcer sur la légalité du 10e congrès du FLN, prévu du 28 au 30 mai, à la coupole Mohamed Boudiaf. Avant de prendre sa décision, le juge près le tribunal de Bir Mourad Raïs a entendu les arguments défendus par les deux parties et a décidé de mettre en délibéré sa décision pour le 20 mai. Mais quel que soit le verdict, les deux adversaires ont annoncé qu'ils feront appel de la décision auprès du Conseil d'Etat. Au Parlement, la nomination de Tahar Khaoua, président du groupe FLN, comme ministre des Relations avec le Parlement et son remplacement par Mohamed Djemaï est en passe de provoquer la constitution d'un groupe politique indépendant de députés FLN qui rejettent cette désignation. Les élus refusent de cautionner cette nomination sans avoir été consultés. Ils rappellent que le député de Tébessa a déjà occupé la fonction en 2012, lorsque Belkhadem dirigeait le parti et qu'ils n'ont «nullement l'intention de travailler avec lui». Dans un autre registre, les opposants ont décidé de gommer les «antagonismes et d'œuvrer ensemble à la formation d'un groupe uni», comme l'affirme un membre du comité central. Un déjeuner a regroupé, samedi dernier, dans un restaurant de Sidi Fredj, une grande partie de ceux qui contestent la direction actuelle. Seul manquait à l'appel Abdelaziz Belkhadem, que les organisateurs ont préféré ne pas convier, «car ce n'était pas encore le moment de le faire», tient à préciser un convive. Autour de la table se tenaient : Salah Goudjil, Abderrahmane Abada, Abderrahmane Belayat, Amar Tou, Abderrachid Boukarzaza, El Hadi Khaldi, Abdelkader Mchebeck, Aïssa Kassa mais également les sénateurs Boualem Djaffer et Noureddine Dib, sans oublier les députés Mouad Bouchareb, Azzeddine Boutaleb et Mustapha Bousbia. Des figures historiques comme Boualem Benhamouda, ancien SG du parti, Mohamed Salah Yahiaoui, ancien idéologue du FLN, mais également Mustapha Cherchali, Ahmed Sbaâ, Mohamed Abada et Affane Guezzane Djillali, étaient représentés par Abderrahmane Abada à qui ils ont remis des procurations. Comme première action, il a été décidé l'installation d'une cellule de crise composée d'une dizaine de membres, chargés du «suivi de l'action en justice» et le «boycott du congrès dans le cas où la justice rejetterait leur plainte». L'affaire, qui secoue le FLN, a également des répercussions au sein du gouvernement. Ainsi, la dernière déclaration de Tayeb Belaïz, ministre de l'Intérieur, quelques heures avant qu'il ne quitte ses fonctions pour le poste de conseiller spécial de Bouteflika, a semé le trouble. En réponse à des journalistes présents à l'Assemblée populaire nationale (APN), l'ancien ministre a déclaré que la «demande déposée par la direction du parti du Front de libération nationale (FLN) pour la tenue de son 10e congrès répondait aux conditions légales», tout en s'empressant d'ajouter : «Nous attendons la décision de la justice, seule habilitée à trancher la question. Quelle que soit sa décision, nous serons les premiers à nous soumettre.» Une façon pour lui de transmettre la patate chaude à son confrère Tayeb Louh, ministre de la Justice, avec qui il entretenait des relations tendues. Louh est soupçonné de viser la présidence du parti. Pour un membre du comité central, la déclaration de Belaïz met dans l'embarras le ministre de la Justice, et ce, quelle que soit la décision qui sera rendue mercredi. «Si le congrès est annulé, il se met à dos une partie du clan présidentiel. Dans le cas contraire, ce sont les opposants qui ne lui pardonneront pas cette décision et le lui feront payer le moment venu», résume-t-il.