Les dissensions persistent toujours au sein du FLN entre les « redresseurs » et les « légalistes ». Les redresseurs, qui ont tenu une réunion jeudi 11 novembre au siège national à Alger, se démarquent de la nouvelle instance dont le parti s'est doté. Instance qui a été créée la veille de la célébration du cinquantenaire du déclenchement de la Révolution. Appelée « le comité provisoire de coordination et d'exécution », cette instance est composée, faut-il le rappeler, de cinq membres, à savoir Amar Saïdani, président de l'APN, Salah Goudjil, Abdelkrim Abada, Saïd Bouhedja et enfin Abdelaziz Belkhadem, coordinateur général. La réunion tenue jeudi dernier par les « redresseurs », et à laquelle ont pris part plusieurs ministres FLN, à savoir Amar Tou (Télécommunications), Tayeb Louh (Travail), Boudjemaâ Haïchour (Communication), Rachid Harraoubia (Enseignement supérieur) et Mohamed Nadir Hamimid (Habitat), est considérée comme « illégale » par le comité provisoire de coordination et d'exécution. Pourquoi ? Salah Goudjil, membre de ce comité, rappelle le communiqué signé par Abdelaziz Belkhadem, qui a été rendu public la veille, mercredi 10 novembre, dans lequel est précisé que « le comité, étant la seule instance qui est habilitée à tenir des réunions et à organiser des rencontres sous le sigle FLN, n'a programmé aucune réunion pour ce jeudi ». A ses yeux, cette rencontre contribue à « l'aggravation de la crise plus qu'elle ne participera à son dénouement ». Selon lui, « ceux qui ont convoqué cette réunion ont doublement fauté ; d'abord parce qu'ils ne devaient pas se réunir, car ils ne sont pas habilités à ce genre de travail. Ensuite ils sont entrés dans le siège national, alors qu'il était fermé ». Les conclavistes ont-ils réellement saccagé le siège national du FLN lors de leur conclave de ce 11 novembre ? Si Salah Goudjil préfère nuancer un peu sur ce qui s'est passé en disant qu'on ne peut pas parler de « saccage », Abdelkrim Abada, autre membre du comité provisoire, durcit le ton en qualifiant ce qui s'est passé d'« acte prémédité ». Et à cet effet, M. Abada compte intenter une action en justice en exigeant l'ouverture d'une enquête afin de déterminer les principaux responsables. « ni casse ni saccage » Abdelhamid Si Affif, membre du comité central issu du 7e congrès et principal acteur du « mouvement de redressement », dit être « surpris par les déclarations de Abada concernant la casse, d'une part, et l'action en justice qu'il veut entamer, d'autre part ». Pour lui, « la rencontre de jeudi, qui a regroupé en sus des ministres, des députés et des militants, s'est déroulée dans un climat pacifique, car il n'y a eu ni casse ni saccage. La salle de réunion était ouverte. Elle ne possède pas de clés. Les travailleurs du parti étaient là présents et ce sont eux qui nous ont ouvert le portail du siège ». M. Si Affif a qualifié la sortie médiatique de M. Abada de « discours manipulateur, non porteur de solution, et qui ne peut cacher la réalité de la crise dans laquelle patauge le FLN depuis près de deux années ». Selon lui, il n'est pas question de « remettre en cause éternellement les décisions et les positions du parti », revendiquant ainsi le retour au cadre de travail offert par « la commission nationale de préparation du congrès installée par Abdelaziz Belkhadem le 5 juin dernier ». Les redresseurs, tout en contestant la nouvelle instance dirigeante, réitèrent leur « allégeance » à M. Belkhadem. Dans la déclaration sanctionnant la réunion de jeudi dernier, les redresseurs ont dénoncé « les manœuvres, les manipulations et la politique de désignation » qui a conduit la formation politique dans la crise actuelle. Rejetant le comité provisoire, les redresseurs ont par ailleurs réitéré leur « attachement » à la commission nationale de préparation du congrès rassembleur ainsi qu'aux 48 encadreurs de wilaya désignés par Abdelaziz Belkhadem. Le « mouvement des coordinateurs libres », autre faction des redresseurs, rejoint l'autre partie du mouvement dans sa position exprimée par rapport à la nouvelle instance dirigeante. Ainsi, la confrontation est engagée entre les deux parties antagonistes. D'un côté Abdelkrim Abada qui ne veut plus lâcher du lest. De l'autre, il y a les redresseurs « inflexibles ». M. Belkhadem continue à « jouer » au « réconciliateur ». Devant ce retournement qu'a connu l'évolution du « processus de redressement », le FLN risque de se retrouver encore une fois dans la même situation que celle connue avec Ali Benflis. Ainsi, deux ans sont déjà passés sur le début de la crise, et le FLN continue à s'enliser dans son conflit interne. Les beaux jours ne semblent pas attendre les « militants » de ce parti rongé par l'esprit de la rente.