Désormais, il ne suffit plus d'avoir son baccalauréat pour accéder à l'Université. Il faut encore que l'accédant ait l'aval des agents de sécurité. Même si votre carte d'étudiant est bien estampillée et ratifiée par le recteur, il faudra encore présenter patte blanche et pas trop de peau pour les filles s'il vous plait, pour pouvoir assister aux cours. Ainsi, l'Université, cet espace dédié au savoir, aux échanges intellectuels et à l'apprentissage, se mue en caserne. Débordé par un flux toujours plus important de sa population et face à la violence ambiante à laquelle ne pouvait échapper cette franchise, les administrateurs des établissements du supérieur ont recours, depuis quelques années, aux sociétés privées de gardiennage et de sécurité pour assurer la paisibilité des lieux. Seulement voilà, ces entreprises fondées principalement pour protéger des espaces et établissements stratégiques et sensibles ont les réflexes durs. Leur politique de recrutement semble se baser sur la dissuasion et les gros bras qui font peur. Et cela se voit. Les frictions entre étudiants, mais aussi enseignants et ces agents sont nombreuses et très médiatisées. Ce qui s'est passé à Constantine où des maîtres-chiens ont lâché leurs bêtes féroces sur des étudiants ou à la Fac de droit d'Alger où un agent a empêché une étudiante d'entrer pour une jupe qu'il a jugé trop courte, sont révélateurs d'un malaise qui couve depuis des années. Mais est-ce la faute des agents ? Si cette corporation est réputée pour son excès de zèle (et cela à travers tous les établissements et institutions du pays), ils restent simplement des employés au service de leur recruteur. Dans ce cas précis les recteurs, doyens et autres responsables de l'administration universitaire. Et c'est là que le bât blesse. L'Université algérienne souffre des mêmes maux de gouvernance que ceux du pays tout entier. Défaut de légitimité, clanisme, clientélisme, népotisme et autoritarisme. Face aux tumultes, les responsables administratifs reproduisent les même réflexes que ceux qui les placent, ils ont recours à leur «police» à eux pour régler les différents et faire taire les contestataires. En l'absences de règles claires définissant les prérogatives de ces gardiens des temples, dans des établissements universitaires bunkerisés, les premiers responsables utilisent à des fins personnels ce personnel à la dégaine rapide. Surtout qu'il est aisé après, de montrer son indignation en pointant du doigt des sociétés de gardiennage peu professionnelles, des étudiants agressifs ou des enseignants indisciplinés. L'agressivité des agents de sécurité n'est pas excusable. Mais, elle reste justifié car voulue, décidée et alimentée. Peut-on reprocher à un agent des forces de l'ordre d'être agressif face aux manifestants ?! la logique est la même.