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«El Haram» universitaire bafoué
Ben Aknoun, Bouzaréah, Bab Ezzouar, Blida...
Publié dans El Watan le 24 - 09 - 2014

Chaque année des dizaines de cas d'agressions d'étudiants sont signalés à la sortie des facs voire au sein même des universités. Une situation jugée intenable par la communauté universitaire. Et ce malgré les récentes mesures prises par les responsables en faisant appel aux sociétés de gardiennage pour assurer la sécurité aux alentours des facs. La situation reste la même. Ainsi, après les écoles, les universités seront-elles concernées par le nouveau dispositif sécuritaire ?
El Haram», l'enceinte universitaire est violée dans la plupart de nos facultés. Triste constat. Des mendiantes et mendiants s'introduisent dans les établissements désertés par les agents de sécurité pour quémander quelque obole. Des personnes étrangères à l'université et qui n'ont aucune raison d'y être entrent et sortent librement à bord de leurs véhicules ou à pied sans être contrôlés ni interceptés par ces mêmes préposés à la sécurité qui, pourtant, sont bien présents devant les portails des universités pour interdire l'accès aux intrus. Ce sont-là quelques constats alarmants que nous avons pu constater lors de visites effectuées dans les facs d'Alger et de Blida.
En effet, lors de notre tournée qui nous a emmenés dans différentes facultés de la capitale, notamment l'ITFC de Ben Aknoun, l'Université des sciences et de la technologie Houari Boumediene de Bab Ezzouar, Saâd Dahleb de Blida et la faculté de Bouzaréah, la première chose qui nous a interpellés est la défaillance de la sécurité dans et autour de ces établissements. Etudiants, enseignants, chercheurs et autres personnels administratifs se soucient de l'insécurité qui règne au sein des universités d'Alger. Un casse-tête que même les agents de sécurité déplorent souvent, car n'arrivant pas à contrôler le rush des visiteurs. Notre tournée a commencé à l'ITFC de Ben Aknoun, là où de nombreuses ambassades jouxtent la faculté. Ici, tout le monde a le sentiment que la sécurité ne pose aucun problème, mais la réalité est tout autre.
Dans cette fac, des milliers d'étudiants inscrits en sciences politiques, journalisme et études en sécurité internationale rejoignent chaque matin les salles de cours. Pour les étudiants rencontrés sur les lieux, la sécurité à l'extérieur et devant l'entrée principale de l'établissement est à déplorer. Samir. B, étudiant 2e année master études sécurité internationale nous relate des histoires ahurissantes qui se sont déroulées à l'intérieur-même de l'université. Des témoignages qui donnent froid dans le dos. Selon Samir, la sécurité au sein de l'ITFC n'existe pas, d'autant que des personnes étrangères à l'Institut entrent facilement dans l'enceinte sans que les agents de sécurité ne les en empêchent.
«Vous savez, l'ITFC est une petite faculté, et malgré cela le problème de sécurité y pèse lourdement. Il n'y a pas de vérification des cartes d'accès à l'entrée de l'université, sauf épisodiquement quand les agents de sécurité décident de contrôler tous les étudiants. Hormis ces périodes-là, la sécurité fait grandement défaut, et les étudiants se sentent en danger à l'intérieur comme à l'extérieur de la fac» explique-t-il. «Une fois, un étudiant a été tabassé par un étranger de la fac, et ce, à l'intérieur même de l'université. Le seul tort de l'agressé était qu'il discutait avec une jeune camarade qui se trouve être la fiancée de l'agresseur. Ce dernier s'est introduit dans l'université sans que les agents de sécurité ne s'en rendent compte.
Blessé grièvement, le jeune étudiant a été transféré en urgence vers l'hôpital de Ben Aknoun, tandis que l'agresseur a été embarqué par les gendarmes suite à l'alerte donnée par les responsables de la fac. Pour ce qui est des agents de sécurité, ces derniers sont intervenus tardivement», raconte le jeune étudiant. Et qu'en est-il de la police ? «Certes, il existe un siège de la police de proximité qui est implanté à quelques centaines de mètres de l'entrée de l'université. Mais la responsabilité de ces policiers consiste uniquement à sécuriser les édifices des représentants des ambassades. Hormis cette mission, ces policiers n'ont pas la tâche de sécuriser les étudiants», évoque Samir. B.
Université d'Alger II, le problème sécuritaire s'impose
Dans l'université Alger II, à Bouzaréah, le même constat est fait. Ici, le problème de sécurité pose un sérieux défi aux responsables et populations universitaires. La présence des agents de sécurité à l'entrée de l'université est timide, ce qui laisse la voie libre aux personnes étrangères au campus qui accèdent facilement à l'intérieur de l'enceinte universitaire. La sécurité est pour ainsi dire totalement absente. Au niveau de l'entrée principale, seuls deux agents de sécurité sont présents, c'est ce que nous avons remarqué dès notre arrivée sur les lieux. Aucune vérification des cartes des visiteurs ni celles des étudiants n'est faite, pourtant c'est le premier rôle de ces agents.
Des étrangers à l'établissement arrivent facilement à s'introduire à l'intérieur. Des riverains se permettent le luxe d'utiliser l'université comme parking. Ils garent carrément leurs véhicules à l'intérieur. «Des trucs insensés se passent à l'université. C'est vraiment scandaleux ce qui se déroule ici», déplore Fatima, une jeune étudiante de 1re année à la faculté de Bouzaréah. Sa camarade de promo, Souhila, assure qu'elle a peur quand elle arrive à la fac. «Vous savez, l'université a une mauvaise réputation du point de vue sécuritaire. Par sa grande superficie et le nombre impressionnant d'étrangers qui sillonnent les espaces, les étudiants se sentent en danger. Personnellement, je sens cette insécurité qui plane», explique Souhila.
Des mendiants à l'intérieur de la Faculté de Blida
Etonnant mais vrai. A Saâd Dahleb, à Blida, des mendiants accompagnés de leurs enfants fréquentent quotidiennement l'université des sciences. «Ils arrivent tôt le matin avec leurs enfants et entrent à l'intérieur sans qu'ils ne soient refoulés par les agents de sécurité. Une fois à l'intérieur, ils s'installent et commencent à demander la charité aux étudiants. On dirait que nous sommes dans un quartier populaire et non pas à l'université», s'exclament les étudiants que avons rencontrés à la faculté de Blida. Merouane, Mohamed, Bilel et les autres, tous des étudiants en 1re année des sciences techniques, sont choqués par les dépassements qui ont eu lieu l'année dernière à l'intérieur de l'université et qui risquent de se reproduire pour cette année encore. «Des rixes éclatent souvent à l'université entre des étudiants et des étrangers qui s'y introduisent.
Où est donc la sécurité des étudiants ?» s'interrogent-ils. Au problème d'insécurité ambiante, ces étudiants font face à un nouveau souci. Ils ont été surpris, dès leurs premiers pas à l'université, par le comportement inexplicable de certains responsables de la faculté. «Vous êtes expulsés», leur a appris une dame chargée de recevoir les doléances des étudiants. Un véritable drame vécu par ces étudiants, comme ce jeune universitaire malien qui a supplié les responsables de la faculté de Blida de le réintégrer, mais en vain. Ses parents ont été tués au Mali dans la guerre déclenchée dans ce pays voisin. Ne pouvant se débrouiller seul, il s'est présenté au recteur de l'université pour le réintégrer, mais ses tentatives sont restées vaines.


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