«Un médecin ébahi par les bons résultats des analyses sanguines d'une villageoise questionne cette dernière sur l'eau qu'elle boit», racontent des habitants de Louta, qui nous parlent de la fontaine Thala Tulmutt. Une des quatre fontaines du village de Louta, à Chemini, tient son nom de sa proximité d'un grand arbre appelé ulmu (orme). Sa source se situe quelques kilomètres plus loin, dans la forêt de l'Akfadou, à 1 500 mètres d'altitude. «Un ingénieur italien avait mis 21 jours pour capter cette source», se souviennent des septuagénaires du village. Construite entre 1944 et 1946, elle alimente deux villages, Louta et Boumellal. Ici, ce sont traditionnellement les femmes qui viennent s'approvisionner en eau de Thala Tulmutt. Les quelques hommes qui le font y viennent le soir. Ladite fontaine est répartie en trois, dont la partie essentielle est thala, où se trouvent la vasque et plusieurs robinets. Le trop-plein se déverse plus bas, dans deux bassins. L'un sert à abreuver les animaux domestiques et l'autre à faire la lessive. «Les femmes préfèrent laver les couvertures en laine ici parce que ça demande beaucoup d'eau», informe un habitant. Il y a quelques années encore, Tala Tulmutt avait un gardien. Il veillait en temps des débits faibles, en été surtout, à ce que chaque foyer ait sa part d'eau. Dda Aamar se souvient de toutes les quantités prises par chacun et interdisait aux gourmands de se servir. Tombé malade, il a arrêté de garder la fontaine en 2011 et décéda trois ans plus tard. «La réputation de Thala Tulmutt dépasse les frontières de Chemini. Des étrangers arrivent de partout afin de s'y approvisionner», témoigne Badis Bellache, que nous avons rencontré sur les lieux.