Les protestataires qui n'ont pas fait partie des bénéficiaires de logements sont montés au créneau pour manifester leur mécontentement. A chaque opération de relogement dans la wilaya d'Alger, des protestataires se manifestent pour revendiquer et scander leur droit à bénéficier d'un logement gratuit. Certains sont certes dans le besoin, d'autres fraudent pour en avoir un. Ce qui est sûr, c'est qu'à chaque opération des affrontements éclatent entre manifestants et forces de l'ordre. A Oued El Kerma, les occupants du bidonville connu sous le nom de Ramli ont pris d'assaut l'autoroute menant vers Blida, provoquant ainsi un bouchon s'étendant sur un tronçon de dix kilomètres. A ce effet, un détachement de la brigade antiémeute de la Gendarmerie nationale a dû intervenir avec force afin de libérer la chaussée des manifestants qui avaient installé des barricades de fortune composées de pneus, de pierres, de troncs d'arbres et de divers éléments capables d'entraver la circulation. Afin d'arriver à Baba Ali, les automobilistes ont dû prendre leur mal en patience durant deux heures afin de se libérer des affrontements. Le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, avait affirmé que la 19e opération de relogement sera lancée durant l'été et touchera le bidonville de Ramli, dans la commune de Semmar et Bateau-cassé, dans la commune de Bordj El Kiffan. L'autoroute conduisant de Douéra vers Tipasa et passant par la localité de Ouled Fayet a subi le même sort. Les services de la commune ont dû utiliser des excavatrices pour libérer l'autoroute. Après cela, les nombreux manifestants sont restés sur les lieux. C'est ce que rapporte un automobiliste rencontré quelques minutes après les événements. Un autre automobiliste explique à son tour que lui sa famille, à bord de leur voiture, ont été pris de panique quand ils ont aperçu des personnes qui paraissaient «déterminées» et qui ont pris d'assaut la route : «J'avais peur pour moi et pour ma famille, ces personnes étaient vraiment décidées, on se serait crus en pleine guerre civile», dira-t-il encore sous le choc. Le vendredi a été également «animé» à la cité Sorecal à Bab Ezzouar. En effet, des échauffourées ont éclaté à l'intérieur de la cité, provoquant ainsi des dégâts importants. Des voitures ont été incendiées, des bennes à ordures également. «On se serait cru au milieu d'une scène de guerre urbaine. On a vu plusieurs voitures brûlées, dont celles de nos voisins», explique une habitante. Les habitants font état de cinq voitures calcinées, une dizaine de bennes à ordures détruites par les flammes et surtout... une peur terrible. «Nous nous sommes barricadés chez nous. La peur de sortir était grande. Nous avons vu les voitures de nos voisins brûlées par des bandes de personnes animées de haine et de colère. Un plan de lutte contre ce genre d'émeutes doit être déployé à chaque opération de déménagement». C'est ce qu'a suggéré un père de famille. D'autres demandent l'arrestation de ces casseurs qui, à chaque opération de relogement, s'adonnent à des actes de sabotage des biens publics et privés.