Hier vers 19h, une vingtaine de protestataires ont bloqué la route qui mène au site Mouline de la ville de Douéra. Ce bidonville de 130 baraques construites avec des matériaux rudimentaires fait l'objet de protestation depuis environ quatre années. Selon une source présente sur place, les jeunes se sont réunis pour la sixième fois afin de dénoncer «les promesses de relogement non tenues par les autorités». «Cela fait vingt ans qu'on vit dans ce taudis et on attend toujours d'être relogés», affirme l'un d'entre eux. Les contestataires, majoritairement des jeunes, ont improvisé, avec les moyens du bord, une barricade de feu. Une décharge importante d'ordures bloquait la route marquant la frontière avec le bidonville. «On vit à côté des poubelles et des égouts. Des rats circulent près de nos abris, des gens tombent malades et le soir on dort dans l'humidité et le froid. Je n'ai que mes vêtements d'hiver pour me couvrir», affirme un homme âgé. Des policiers se tenaient sur leur chemin. «Ce n'est pas un jeu», affirme l'un des protestataires. «C'est le fruit de notre colère.» En janvier 2013, l'adjoint du maire de Douéra aurait promis de reloger toutes les familles dans «les deux mois à venir». «Jusque-là, beaucoup de bidonvilles ont bénéficié d'un programme de relogement et nous, toujours rien», ajoute le protestataire. Un des représentants du bidonville arrivé sur les lieux, a reproché aux jeunes d'avoir dressé une barricade. Un deuxième représentant a affirmé «pouvoir attendre que les autorités agissent, mais que la réaction des jeunes est compréhensible», en ajoutant qu'il était contre toute forme de «protestation violente», mais n'était pas en mesure de pouvoir «les empêcher de continuer». Les forces de police dépêchées sur place se tenaient éloignées derrière la ligne du grand boulevard qui longe la cité de la CNEP.