Dimanche soir, au Théâtre national algérien, une opérette est entrée en scène. Et pour cause ! Sous le manteau… L'on a ouvert la fosse, pas aux lions mais aux «trublions » de la musique classique, faussant le décor. La fosse d'orchestre a été ouverte dans une ambiance feutrée pour laisser s'échapper une musique adoucissant les mœurs d'un autre temps. Celui de l'histoire du théâtre universel, et notamment algérien. Une opérette en fait intitulée Parcours de mémoire. Pour ce faire, le dramaturge et directeur du Théâtre régional de Béjaïa, Omar Fetmouche, qui n'est plus à présenter, l'a mise en scène et le grand maestro de l'Orchestre symphonique national algérien, plus communément appelé l'OSN, Amine Kouider, l'a emballée — vraiment — philharmoniquement parlant. Une sacrée union faisant la force de deux pairs faisant la paire. Enfin, un tandem du tonnerre ! Ce fut une œuvre chorale, cette opérette Parcours de mémoire. La preuve, ils étaient 90 «soldats» d'opérette. Entre comédiens et musiciens. Une performance. « C'est une performance théâtrale. Ce n'est pas une pièce dans l'acception traditionnelle du terme. C'est un hymne au théâtre universel et plus particulièrement au théâtre algérien… Le spectacle devient une grande symphonie dirigée par Amine Kouider. Je lui confie le spectacle», (rire), explique Omar Fetmouche. Sans «fosse» note Aussi, le public remonta la machine et la patine du temps à travers un flash-back. Une rétrospective depuis le théâtre antique du précurseur Thespis au regretté Azzeddine Medjoubi, le martyr assassiné il y a 20 ans juste-là, devant le TNA. Une opérette mnémonique contant et racontant Antigone, la fameuse Nuit des rois, devenue blanche par Shakespeare, l'hilarant Tartuffe de Molière, la nostalgie de Mahieddine Bachtarzi, Mohamed Touri et Rachid Ksentini, Nedjma brillant sur Kateb Yacine… Ainsi que des morceaux de bravoure tels qu'El Khobza d'Abdelkader Alloula interprété par Jimeur et Addar, venus spécialement d'Oran en reprenant le couplet culte Ya Nou sobi sobi (ô pluie, tombe, tombe), de R'jal Ya Hlalef de Bouguermouh. Et bien sûr Hafila Tassir d'Azzeddine Medjoubi et son ode à Nouara, l'espoir. Le tout habillé, orchestralement parlant, par une partition offrant une musique référentielle. Paname d'Edith Piaf, le French Cancan, La Bohême de Charles Aznavour, ou encore Hamdoulillah du légendaire maître du chaâbi, El Hadj M'hamed El Anka. Le frais et émoulu ministre de la Culture, Azzeddine Mihoubi, venu à la fin du spectacle — Conseil des ministres — a apporté sa caution au théâtre algérien : «Je suis prêt et disponible à encourager le théâtre algérien. Il faut revenir au texte algérien…». A la question de faire tourner ce spectacle à travers l'Algérie, Omar Fetmouche répondra : «Sincèrement, je ne peux pas répondre. Cela dépendra du commissariat, du ministère (de la Culture). J'aimerais bien que cela se fasse. Au moins une dizaine de représentations à Oran, Constantine… Pourquoi pas ? Cela sera un bonheur pour tout le monde.»