Vous inaugurez la 10e édition du Festival national du théâtre professionnel qui se tient du 24 mai au 2 juin à Alger par un spectacle inédit… Oui, c'est une performance théâtrale. Ce n'est pas une pièce dans l'acception traditionnelle du terme. Et, en même temps, c'est un hymne au théâtre universel. Et bien sûr, plus particulièrement au théâtre algérien. De l'Antiquité au XXIe siècle. De la Grèce au Royaume-Uni de Shakespeare, en passant par le pays de Molière. Et une halte à Icosium, à Port-Saïd, à Alger. Celle de l'itinéraire du théâtre algérien. Une performance mêlant théâtre et musique classique… Un spectacle conçu avec l'Orchestre symphonique national (OSN). C'est une première, où le «live» est présenté par l'OSN depuis la fosse orchestrale. Et sur scène, nous avons le théâtre. Une symbiose entre la musique classique et les tréteaux. Une fusion laborieuse… Oui, c'est délicat. Mais c'est très beau. Il faut dire que nous avons fait une incursion. Il y a eu de longues et difficiles répétitions en matière de musique classique et de théâtre. Quel est leur dénominateur commun ? L'universalité ? Le dénominateur commun est la musique et le théâtre universels. Quand on est dans Shakespeare, on est aussi dans Mozart, Wagner… Et en même temps ce souci de dimension esthétique, de beauté visuelle, lyrique et onirique. Donc, c'est un partage mutuel de bonheur. Comment s'est opérée cette ambivalence scénique et sonique entre un metteur en scène et un chef d'orchestre, Amine Kouider en l'occurrence ? Il y a eu un bon moment de discussion entre notre maestro Amine Kouider et moi. Déjà, Amine avait une idée qui trottait dans la tête concernant une éventuelle narration d'un voyage unissant théâtre et musique classique. Je lui ai dit qu'il y avait un très grand voyageur dans l'histoire du théâtre. Et l'idée est partie de là. Et puis, j'ai aussitôt commencé à travailler sur la conception de ce projet. On s'appelait et se briefait souvent à cet effet. Justement, à propos de quoi ? Sur le genre musical qui m'intéressait. Par exemple, au moment dédié à Molière, j'ai pensé au répertoire issu de la comédie musicale. Donc, il y a un travail de composition. Et là, Amine a réalisé une composition originale à presque 80%. Les séquences de Shakespeare, Antigone, Molière…ce ne sont pas toutes des reprises. C'est le fruit d'une discussion et d'un débat qu'on a eus. Hormis trois reprises, comme Hamdoulillah du maître du chaâbi, El Hadj M'hamed El Anka, Amine a travaillé sur la stylisation de la musique. Il l'a adaptée à la perspective esthétique de ma mise en scène. Et on a fonctionné de cette manière automatiquement. Par exemple, pour les besoins de la chanson de Abdelkader Alloula, Ya Nou Sobi Sobi, on a sollicité le comédien Himour lui-même. Et il va chanter. Même Addar va interpréter le personnage de la pièce El Khobza. Un hommage au théâtre algérien… Effectivement ! Un hommage à ceux qui sont morts, aux vivants et à la nouvelle génération. A Alloula, Kaki, Bouguermouh, Benguettaf… Et à Azzeddine Medjoubi dont c'est le 20e anniversaire de son assassinat… Oui, le festival et le Théâtre national algérien rendent un grand hommage au regretté Azzeddine Medjoubi. Le TNA, c'était lui. Un émouvant hommage à travers Hafila Tassir. D'où le titre de votre performance, Parcours de mémoire… Contre l'oubli et pour la mémoire collective de notre théâtre.