L'élection du prochain président de la Banque africaine de développement (BAD) aura lieu jeudi prochain, 28 mai, au cours de l'assemblée annuelle du conseil des gouverneurs qui se tiendra à Abidjan. Huit candidatures ont été retenues par le Secrétariat général de la BAD depuis le 20 février dernier comme candidats officiels à la présidence de la banque. Toutefois, ce nombre risque de chuter de moitié. En effet, s'inspirant d'un usage pratiqué par la BAD depuis sa création en 1964 et stipulant l'alternance d'un anglophone et d'un francophone à la présidence, certains pays membres exigent l'application de ce sacro-saint principe d'alternance. Selon eux, c'est au tour d'un président francophone de veiller aux destinées de la BAD après l'anglophone Kaberuka. A moins d'un compromis de dernière minute, il y aurait un vote pour arbitrer le différend autour de cette polémique et, avec, le sort des quatre candidats anglophones. Il s'agit de l'Ethiopien Ato Sufian Ahmed, du Zimbabwéen Zondo Thomas Sakala, du Sierra-Léonais Samura Kamara, et du Nigérian Akinwumi Adesina. L'issue de ce vote est loin d'être certaine. Le camp francophone comprend, lui aussi, quatre candidats. Il y a d'abord le Tunisien Jalloul Ayed, se présentant pour l'Afrique du Nord, Egypte comprise. Les 21% du capital de la BAD, détenus par l'Afrique du Nord, permettraient normalement à Jalloul Ayed de passer les premiers tours. Autre candidat francophone, le Malien Birima Boubacar Sidibé qui pourrait fédérer derrière lui les 15 Etats membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao). Les pays de la Cedeao ne disposent toutefois pas d'un fort pourcentage d'actions. Il y a aussi le Tchadien Bedoumra Kordje et la Cap-verdienne Cristina Duarte, unique candidate femme. Vote complexe La succession à la tête de la BAD du Rwandais Donald Kaberuka, dont le mandat expire le 1er septembre prochain, est une procédure complexe. Il s'agit certes d'être un ressortissant d'un Etat membre régional et «une personne de la plus grande compétence dans les domaines qui concernent les activités, la gestion et l'administration» de la BAD. Mais, il s'agit, surtout, d'obtenir une double majorité. La 1re au sein des 53 membres régionaux (pays africains), et l'autre au sein des 77 pays membres. En effet, l'actionnariat de la BAD est réparti entre les 53 pays africains, qui détiennent 60% des actions de la banque et du même pourcentage en pouvoir de vote. Alors que les 24 membres non-régionaux (Etats-Unis, Japon, Brésil, Arabie Saoudite, etc.), détiennent les 40% restants. Des compromis sont nécessaires pour parvenir à choisir le président de la BAD, surtout que le pouvoir de vote n'est pas uniforme pour tous les membres. Il est plutôt proportionnel au pourcentage d'actions détenues par chaque pays. Les 21% détenus par l'Afrique du Nord, Egypte comprise, peuvent aider la candidature du Tunisien Jalloul Ayed. Mais il n'y a pas que cela.