Et si les nouvelles technologies de l'information et de la communication, et plus spécialement les réseaux sociaux et internet, s'avéraient les repaires privilégiés des apologistes du terrorisme, du takfirisme et autres propagateurs du djihadisme à la sauce Daech ? C'est une réalité vérifiée en Europe et cela semble, hélas, aussi le cas chez nous, bien que nous soyons encore à l'âge de la pierre en termes de développement des technologies de la communication. Que le ministre des Affaires religieuses en parle est le signe qu'il y a forcément des données pas très rassurantes quant à la prolifération de l'extrémisme et de la propagande terroriste en Algérie. C'est connu, les Algériens sont férus de facebook et de YouTube, un peu moins de Twitter où ils disent l'indicible et diffusent l'interdit. Ils ne sont donc pas immunisés contre ces milliers de comptes pas très recommandables. Déclinés sous forme de portraits angéliques de femmes tout droit sorties de Hollywood, elles cachent parfois des visages hideux de terroristes qui aguichent nos jeunes pour les attirer vers le monde infernal de Daech et consorts. On doit donc prendre conscience que le djihadisme et la propagande terroriste évoluent au gré des moyens technologiques du moment. Il y a plus de chance de mettre la main sur un apprenti djihadiste sur facebook que dans une mosquée ou une école coranique. Mohamed Aïssa s'appuie sur une récente étude qui a révélé qu'entre septembre et décembre 2014, pas moins de 46 000 comptes Twitter faisant l'apologie du terrorisme et appelant à l'adhésion à l'organisation Daech ont été découverts en Europe. Le ministre soutient que l'Algérie est bien ciblée par cette monstrueuse campagne de propagande internationale via le Net. Quand on apprend que 90% des terroristes européens ont été «fabriqués» par internet, il y a de quoi avoir peur pour l'Algérie. Sommes-nous capables de faire face au djihadisme 2.0 qui sévit sur facebook, YouTube, Viber et peut-être même par mail ? En l'état actuel du développement embryonnaire des technologies de la communication, il n'est pas sûr que les autorités disposent d'outils de pointe pour faire face à ce terrorisme high-tech. Il y a une année, une étude internationale avait révélé que l'Algérie faisait partie des pays les plus vulnérables aux cyberattaques. On peut alors légitimement penser que notre pays est aussi très exposé à la propagande terroriste. Les autorités, qui passent leur temps à traquer les commentaires des journalistes et activistes de la société civile sur facebook et Viber, seraient mieux inspirées de replacer leurs curseur sur les recruteurs de Daech et les «muftis» de la haine qui écument le Net. Il ne faut pas se tromper d'ennemi : la plume du journaliste n'est pas aussi tranchante que la lame du djihadiste. L'Etat est interpellé pour faire en sorte, et par tous les moyens, d'éviter que nos jeunes ne tombent dans les rets de l'extrémisme sous toutes ses formes. C'est une question trop sérieuse de sécurité nationale, qui ne s'accommode pas de «tchatche»…