L'ancien chef de sûreté de daïra de Maghnia, Djillali D. a été mis sous mandat de dépôt, avant-hier à Remchi (20 km de Tlemcen) après que la chambre d'accusation l'eut inculpé dans une affaire scabreuse de trafic de drogue. Les chefs d'accusation sont gravissimes, en ce sens que celui qui était censé appliquer la loi, protéger les citoyens et leurs biens, s'est rendu coupable de conspiration ayant abouti à l'incarcération d'un jeune citoyen n'ayant rien à voir avec la drogue. Le plus grave, pour réussir son plan que les observateurs qualifient de machiavélique, ce fonctionnaire de l'Etat a échafaudé tout un plan digne des scénarios hollywoodiens. Il y a quelques mois, le jeune Boubekeur a été réveillé en pleine nuit par les éléments de la police judiciaire. En face de son domicile, un véhicule ouvert bourré de résine de cannabis de mauvaise qualité. A l'intérieur, une pièce d'identité appartenant au jeune, qui est abasourdi. Il n'en fallait pas plus pour l'embarquer et tout lui imputer. Dès le départ, le film sentait plus l'imagination que le flagrant délit et les plus avertis, même parmi les magistrats, ont senti des relents de scandale. Les premières heures qui suivirent commencèrent à révéler des odeurs de machination : l'énorme quantité de drogue a été incinérée dans des conditions troubles, alors que l'enquête n'avait pas encore été vraiment entamée. L'on disait même que le chef de sûreté, aujourd'hui incriminé, n'avait pas encore d'autorisation pour le faire. Le véhicule avait disparu, comme par enchantement, alors que c'était une pièce maîtresse dans l'affaire. Les jours suivants enfonceront davantage les éléments de la police relevant de la hiérarchie de ce commissaire. Des procès-verbaux ont été soit dissimulés, soit trafiqués. Certains documents officiels ont été dissimulés ou ont carrément disparu. L'affaire commençait à susciter des remous dans la ville. Les doutes se confirmèrent avec la mutation à Ghazaouet, une commune limitrophe, avant la suspension dudit commissaire. La justice s'est emparée de l'affaire, d'où les auditions du chef de sûreté, des officiers et des agents de police. Quelques jours après, un policier a été mis en détention et un officier dégradé par sa hiérarchie. Djillali D. ayant été révoqué. Mardi, il a été écroué. Selon nos investigations, il s'agit ni plus ni moins d'une guerre des services, dont ont été victimes des civils à cause d' intérêts vindicatifs mercantilistes. Et les citoyens, qui ont peur de ces abus de pouvoir, de s'interroger : « Qui est le véritable propriétaire de l'importante quantité de drogue ? A qui appartient le véhicule qui contenait la came ? Est-ce à dire que le commis de l'Etat avait recours à de véritables narcotrafiquants pour se procurer de la drogue pour faire tomber le jeune Boubekeur et donc d'autres personnes qui restent à l'ombre ? » Trop de questionnements qui inquiètent... Il y a quelques semaines, une mère de famille avait déposé plainte contre ce commissaire pour avoir pratiquement fomenté le même coup pour incarcérer ses trois enfants ( toujours détenus) en les accusant de commercer dans la drogue. Pire –informations confirmées auprès de la justice–, des procès-verbaux de témoins ont été changés contre des faux, des documents ont disparu du commissariat de police pour embourber davantage les trois jeunes frères. A Maghnia, ce scandale a fait l'effet d'une bombe et fait dire aux jeunes apeurés : « Ici, nous sommes tous en état de sursis. » Phrase à méditer ! Affaire à suivre...