La coalition anti-Daech, dirigée par les Etats-Unis, a apporté hier à Paris son soutien au plan militaire et politique de l'Irak pour reconquérir ses territoires tombés entre les mains du groupe terroriste. C'est un «bon plan militaire et politique» pour reconquérir la province d'Al Anbar, a déclaré le secrétaire d'Etat américain adjoint, Antony Blinken, à l'issue d'une réunion ministérielle internationale à Paris consacrée à la lutte contre l'Etat islamique. La «détermination est totale» dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI), «un combat de long terme», a renchéri le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, après des critiques irakiennes sur «l'échec» de la communauté internationale dans sa lutte. Le Premier ministre irakien, Haider Al Abadi, a en effet pointé hier «l'échec» de la communauté internationale dans la lutte contre l'EI, dénonçant un manque de soutien à son pays, confronté depuis un an à l'avancée des djihadistes. «Je pense que c'est un échec de la communauté internationale. Concernant le soutien à l'Irak, il y a beaucoup de mots mais peu d'actions sur le terrain», a dénoncé M. Al Abadi à Paris, lors d'une conférence de presse peu avant l'ouverture de la réunion de la coalition internationale anti-Daech. Le Premier ministre irakien a aussi souligné que son pays n'était pas assez aidé en armements et munitions. «Nous n'en avons pas reçu beaucoup, presque rien. Nous ne devons compter que sur nous-mêmes.» «En raison de problèmes fiscaux, nous ne sommes pas en mesure de conclure de nouveaux contrats de fourniture d'armes. La plupart des contrats avaient été conclus par le précédent gouvernement avec les Russes, qui sont désormais soumis à des sanctions américaines et il est très difficile de payer pour avoir ces armes. L'argent est là, à la banque, mais nous ne pouvons l'avoir.» «Nous ne demandons pas d'armes mais s'il vous plaît laissez-nous les acheter de manière plus facile», a-t-il insisté. L'énigme des terroristes étrangers Haider Al Abadi a aussi noté que Daech compte de plus en plus de combattants étrangers dans ses rangs. «Ce que je vois en Irak, c'est un nombre de combattants étrangers plus important qu'avant», a-t-il dit. Dans le passé, les combattants irakiens étaient estimés à 58% pour 42% d'étrangers. Aujourd'hui, la proportion s'est inversée avec 60% de combattants étrangers contre 40% d'Irakiens, selon lui. «Il y a un problème international, il doit être résolu», a-t-il ajouté. «Il faut expliquer pourquoi autant de terroristes viennent d'Arabie Saoudite, du Golfe, d'Egypte, de Syrie, de Turquie et de pays européens.» «Nous avons besoin d'un travail politique de nos partenaires au sein de la coalition» à ce sujet, a précisé le responsable irakien. La question de la Syrie, pays ravagé par la guerre depuis plus de quatre ans et où l'EI contrôle près de la moitié du territoire, devait également être abordée lors de cette réunion de Paris. «On a une situation qui a beaucoup évolué depuis 9 mois, on fait aussi face à un affaiblissement très net du régime syrien... C'est dans cette situation militaire qu'intervient la réunion, cela impacte nos discussions», a souligné une source diplomatique française. Paris ne participe pas aux frappes de la coalition en Syrie et insiste pour une solution politique sans le président syrien Bachar Al Assad, qu'elle considère comme le principal responsable des 220 000 morts en Syrie depuis mars 2011. Pour sa part l'Iran, impliqué dans la lutte contre l'EI mais qui ne fait pas partie de la coalition, a prévenu qu'il continuerait à soutenir le régime d'Al Assad «jusqu'à la fin» du conflit. Bref, il existe encore au sujet de la Syrie d'importantes divergences au sein de la communauté internationale que Daech et le Front Al Nosra n'hésiteront pas à exploiter.